1
CRÉPUSCULE
http://branco.blog.lemonde.fr/files/2019/01/Macron-et-son-Crepuscule.pdf
https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/Juan-Branco-desosse-Macron
2
..
Cette enquête sur les ressorts intimes du pouvoir
macroniste,
écrite en octobre 2018, .
Remarquez
la chose suivante. Aucune parole institutionnelle, dans
les
médias, les partis politiques ou ailleurs, ne se fait la
porteuse de
ce
désir de destitution, alors que, nous l’avons vu, il
concerne a
minima
la
moitié de la population. Aucun, à l’exception des
gilets
jaunes
que l’on invite et traite avec folklore pour les
décrédibiliser
sur
les plateaux télévisés, ne s’est saisi de
cette revendication principielle.
4
Ce
qu’il s’agit pour nous maintenant de démontrer,
c’est qu’Emmanuel
Macron
a été « placé » bien plus qu’il
n’a été élu. Que la presse
a
agi en ce domaine avec complicité.
*
.
Nous allons montrer comment un être,
Jean-Pierre
Jouyet, que tous les journalistes
politiques connaissent,
sur
lequel aucun n’a enquêté en ses rapports à la
Macronie3,
comment
cet
être a fait, avec Henry Hermand
– millionnaire chargé
de
financer
la vie privée de Macron – et Xavier Niel, le
Président Macron.
…………………
Le
pouvoir présidentiel entre en son crépuscule.
Cet
élément est le suivant, et se décompose en deux
temps : Xavier
Niel
et Emmanuel Macron sont amis longue date, et le premier
a
mobilisé sa fortune et son réseau pour faire élire
le second
alors
que celui-ci était encore un parfait inconnu. Que Xavier
Niel
soit le propriétaire du groupe Le
Monde,
mais aussi de
l’Obs et
possède des participations
minoritaires dans la quasitotalité
des
médias français n’étant pas détenus
par un autre
oligarque,
y compris Mediapart,
n’est probablement pour rien
dans
le fait que nos journalistes, fort pudiques, n’aient jamais
révélé
leurs liens, et a
fortiori que
ces liens auraient nourri la mise
à
disposition de certaines de ses ressources au service de
M.
Macron, qui auraient dû être comptabilisés en argent
comptant.
Pourtant,
cette mise à disposition remonterait a
minima à
l’orée
des années 2010. Soit entre trois à six ans avant
l’élection
de
M. Macron.
L’élément
n’est pas anodin. Outre l’évidente infraction au code
électoral
et aux réglementations sur les frais de campagne
qu’implique
la mise à disposition des moyens d’un milliardaire
à
un candidat sans déclaration quelconque, rappelons que la
fortune
de Xavier Niel est directement dépendante des décisions
de nos gouvernants – il
suffirait à l’État de retirer les licences
téléphoniques
octroyées à Free pour que sa fortune s’effondre
immédiatement.
Sa dépendance à l’égard du pouvoir
politique,
immense, est d’ailleurs telle que François Fillon aurait
décidé
de l’octroi d’une licence téléphonique
à Free – faisant
exploser
la capitalisation boursière de Free, dont M. Niel
est
propriétaire à plus de 50% encore – dans le seul
but d’« emmerder» Nicolas
Sarkozy (décidément).
En
effet M. Sarkozy détestait M. Niel, qui le lui rendait bien,
l’amitié
que
le premier
vouait à Martin Bouygues, qui voyait
son
empire trembler du fait du second, n’y étant pas pour rien.
M.
Fillon, dans sa guerre larvée à l’encontre de celui
qui l’avait
nommé,
avait trouvé là matière à vengeance, et
peut-être, à
faire
trembler l’un des appuis de celui qu’il trahirait.
Il
invite et toise alors ces camarades de cordée6
en
un
restaurant proche de la Madeleine,
leur fait tout un numéro
visant
à leur donner l’impression qu’ils pourraient
s’allier, et
s’assure
du maintien de liens cordiaux qui par la suite il
n’hésitera
pas
à mobiliser.
Aurait-on
identiquement voté, si
l’on
avait su que ce jeune admirable, touché par la grâce et
sorti
de
nulle part par la seule force de son talent, était en fait
propulsé
par
l’un des hommes les plus puissants et les plus influents
de
France, dont on se doute qu’il n’agissait pas sans
intérêts,
avant
même qu’il ne fut aux Français
présenté ?
…….
L’on
s’étonne d’autant plus que c’est bien chez
Xavier Niel, au
sein
de la très vantée Station F – construite à
Paris avec l’appui
de
la maire de Paris, Anne Hidalgo, auprès de qui Xavier Niel a
introduit
son missi
dominici Jean-Louis
Missika, compagnon de
route
de Free depuis la première heure et nommé opportuné
ment
premier adjoint d’une Maire dont le second adjoint, Christophe
Girard,
est parallèlement employé d’un autre oligarque,
Bernard
Arnault, dont nous reparlerons – ; c’est donc au sein
de
cette très vantée Station F construite à
l’aide de la puissance
publique
et pourtant toute dédiée à la gloire de Xavier Niel
qu’Emmanuel
Macron a été accueilli à plusieurs reprises et a
même
parlé de ces « riens » que l’on croiserait
dans les gares,
ces
citoyens réduits, contrairement à lui et à ses
acolytes, à
prendre
RER et métro.
Ainsi
apprend-on dans l’ouvrage que c’est Xavier
Niel
qui a offert à Michèle Marchand de s’occuper de
l’image
d’Emmanuel
Macron et de sa femme, lors d’une rencontre organisée en
son hôtel particulier
avec cette dernière.
Cet
hôtel particulier où se déroula cette rencontre
cruciale,
n’est
rien de moins qu’une réplique marbrée du Grand
Trianon.
Mimi
Marchand, la reine de la presse people, condamnée pour
trafic
de drogues – elle fut interpelée conduisant un camion
doté
de 500 kilogrammes de haschisch – s’est fait prendre en
photo
dans le bureau de M. Macron en juillet 2017.
Celle
qui n’hésite pas à exposer l’intimité
des gens pour les intimider
et
à utiliser ses sources pour détruire sur commande
tel
ou tel individu, a été la personne en charge
d’introniser M.
Macron
auprès des Français. Mimi Marchand, ou la marchande
de
secrets ayant fait les beaux jours de la presse people depuis
vingt
ans, capable de faire taire une information, fut-elle
d’intérêt
public,
en quelques instants, de montrer et d’exposer des
corps
nus pour les humilier ou les consacrer.
Pour
peu qu’on la paye bien.
Mimi
Marchand et ses jours de prison, ses réseaux dans la mafia
et
la police, ses hommes de main et paparazzi, ses menaces
et
ses violences, ses enveloppes d’argent liquide qui en ont
achevé
plus d’un, est une très proche d’Emmanuel et de
Brigitte
Macron.
Et
cette même Michèle Marchand a été
présentée à Brigitte Macron-
Trogneux
par
son « ami » Xavier Niel, dans son hôtel particulier,
afin
de faire taire une information, et de transformer
16
Emmanuel
Macron, alors illustre inconnu, riche banquier ayant
utilisé
les réseaux de l’Etat pour faire sa fortune,
s’interrogeant
sur
son avenir, le transformer en un gendre idéal, et susciter
une
sympathie que rien dans son parcours ne faisait naître.
Mais
comment un seul individu, une femme comme Mimi Marchand
aurait-elle
pu, seule, ou avec l’appui d’un seul milliardaire,
provoquer
une telle conversion ? Cela semble trop gros.
Et
cela l’est. Il se trouve en effet que nous commençons
à recouper
les
choses et les non-dits qui habitent ces enquêtes. Le
propriétaire
de
Paris
Match,
Arnaud Lagardère, dont les auteurs
disent
que Mimi Marchand est la véritable directrice de la
rédaction,
a
par ailleurs été client d’Emmanuel Macron pendant
sa
période à Rothschild, ce qui n’est pas dit dans
l’ouvrage. Il se
trouve,
comme l’a raconté Vanity Fair,
que l’homme de main de
M.
Lagardère dans les médias, un certain Ramzy Khiroun, fut
mis
à disposition de M. Macron par Arnaud Lagardère
dès sa
nomination
en tant que ministre de l’économie, pour s’occuper
de
sa communication. Et que c’est donc l’alliance de Mimi
Marchand
et
de Ramzy Khirou,
de Niel et
de Lagardère, qui a permis
la
mise en oeuvre de cette opération
de communication.
M.
Lagardère est l’héritier d’un immense empire
que par sa médiocrité
il
a fait pas à pas dépecer. La fortune de sa famille a
été
faite
par l’État.
*
17
C’est
pourquoi quelques jours plus tôt avait été
proposé
le
recrutement de Mimi Marchand à l’Élysée aux
services
administratifs
du palais, qui avaient rechigné. Arnaud Lagardère,
lui,
acquiescerait.
Pourquoi
cela n’est pas dit dans l’ouvrage Mimi,
comme il n’est
pas
dit qu’Arnaud Lagardère a été le client
– failli - d’Emmanuel
Macron,
et que M. Khiroun et ses berlutti
en a été le missi
dominici
?
Parce que l’éditeur de cet ouvrage, Grasset,
est propriété
d’Hachette,
qui a été racheté par une holding nommée
Lagardère
Active,
dont le propriétaire est un certain Arnaud Lagardère,
et
dont le directeur effectif est un certain Ramzy
Khiroun.
Et
l’on commence à comprendre pourquoi en ce pays personne
ne
comprend rien, tandis que tous sentent tout. Car l’espace public
français
est traversé de semi-compromissions qui empêchent
quiconque
d’avoir l’indépendance suffisante pour tout
raconter
: tous ont une affinité, un lien, une dépendance à
l’un
des
pans de ce système qui les empêche de recouper ou
d’énoncer.
Et
tous, du coup, doivent tronquer la vérité.
*
Reprenons.
Coup sur coup, l’on a « découvert » – un
peu tard,
notera-t-on,
nous ne sommes après tout qu’en septembre 2018
–
qu’outre le fait que Xavier Niel et Emmanuel Macron étaient
amis
depuis des années – ce qui ne se disait pas – ; que
cette
18
amitié
avait été mise au service d’un projet politique et
avait
mis
en branle une machine de propagande huilée, financée par
M.
Niel et appuyée par M. Lagardère en dehors de toute
règle
électorale,
au moins à partir de 2016, probablement bien
avant
; et que cette machine de propagande a joué un rôle de
première
ampleur dans l’élection présidentielle de 2017, en
permettant
l’obtention de dizaines de Unes de presse people,
de
Paris
Match dont
nous venons de parler à Gala, Closer
et
VSD,
au profit d’un inconnu propulsé par là-même
au cénacle
des
personnalités éligibles.
Mais
cela va plus loin : ce que nous avons découvert, c’est que
ces
Unes de presse ont été vendues par Mimi Marchand à
des
magazines
détenus pour grande partie par des oligarques qui
avaient
été en liens d’affaires avec le futur
Président de la République
spécifiquement.
Qu’il y a tout à
penser que cela a été
fait
parce que tous y trouvaient intérêt, et non seulement parce
qu’ils
étaient séduits par la couleur des yeux du futur
Président
et
la beauté du couple qu’il formait avec Brigitte Macron.
Et
cela, nous l’apprenons alors que nous savons par ailleurs que
ces
magazines ont accepté, et cela sans que personne ne s’en
offusque
vraiment – c’est-à-dire lui donne une importance
suffisante
pour
le faire censurer – de publier des « fausses
exclusivités
»
et des « fausses paparazzades
» fabriquées de toutes
pièces
par l’agence de Mimi Marchand, Bestimage.
19
Qu’en
somme, M. Macron a été présenté sur papier
glacé tout
en
prétendant qu’il ne le voulait pas et n’y pouvait
rien, et que
les
Français, croyant découvrir des images spontanées,
ont découvert
des
images fabriquées, fabriquées et financées par
certains
des
hommes les plus puissants de France pour leur présenter
un
couple idéal qui servirait leurs intérêts.
.
Nous pensons à quelques autres affaires
qui,
touchant Léa Salamé comme
elles touchèrent Michel
Field,
pourraient
avec un peu de courage être bientôt publiées.
Michèle
Marchand – qui posa, on le rappelle puisqu’ils le
révèlent,
faisant
le V de la victoire dans le bureau du Président de la
République
française, celui-là même qui pour la
première fois
fut
aménagé par le Général de Gaulle –
cette femme-là donc qui
avait
été arrêtée conduisant un camion empli de
cinq-cents kilogrammes de drogue
quelques années plus tôt – ont étrangement
oublié de mentionner quelques autres
éléments que nous connaissons pourtant, dont eux aussi
sont au courant,
exactement de la même façon que leurs collègues
auparavant cités
avaient
oublié de mentionner - au nom de la pudeur et de la vie
intime,
de la bienséance ou de l’insignifiance - les
éléments concernant les rapports
entre Niel et Macron qu’ils connaissaient,
privant
le peuple français d’informations cruciales à
l’heure de
se
décider.
Et
là, nous commençons à nous inquiéter.
Puisque
le sort de M. Lagardère, oligarque dont nous montrerons
l’extension
de l’influence plus en avant, est réglé, continuons
par
cet autre chemin : à savoir que cette même Michèle
Marchand
fut aussi chargée de contrôler
l’image –
c’est-à-dire
de
faire taire toute information compromettante le concernant,
au
détriment du bien commun – d’un autre oligarque, un
certain
Bernard
Arnault, première fortune de France, quatrième
fortune
du monde, doté de 70 milliards de patrimoine et
propriétaire du groupe de luxe
LVMH. Cela pourrait sembler au
premier
abord aussi insignifiant que « l’amitié »
entre Niel et
Macron,
si l’on oubliait de préciser une autre information que
la
bienséance et les conventions bourgeoises amènent le plus
souvent
à esquiver : à savoir que le maverick,
le
rebelle,
l’homme
du peuple Xavier Niel, vit en concubinage avec Delphine
Arnault,
fille et héritière de Bernard Arnault.
Rappelons
à ce stade que M. Arnault, qui est par ailleurs un grand
propriétaire de médias
– sans
raisons prétendrait-il
là aussi – est aussi le premier annonceur
de France. Qu’il détient par cela un droit de vie et de
mort sur n’importe quel
média. Qu’il n’a pas hésité à
faire retirer des publicités des quotidiens qui
lui déplaisaient –les menaçant ainsi de faire
faillite, afin de leur faire
comprendre ce qu’ils auraient à payer si jamais ils
décidaient de s’y attaquer.
Qu’il est par ailleurs ce même Bernard Arnault qui,
détenteur
d’une fortune permettant de faire vivre plusieurs nations, a
voulu s’exiler
fiscalement pour favoriser l’héritage de
ses
brillants enfants – et s’indigna qu’on le lui
reprocha. Qu’il
est enfin celui-là même qui a recruté l’ancien directeur des services secrets de notre pays,
celui-là même qui n’hésita pas à
affirmer il y a quelques temps qu’il
regrettait de ne pas avoir, au
long
de sa vie, gagné plus d’argent.
*
Sur
cet être, l’un de ces autres faits « connus du tout
Paris » et
pourtant
masqués au reste de la population au prétexte que
cela
ne la concernerait pas, n’est pas anodin, et nous allons voir
pourquoi.
L’un de ces faits qui ne présenterait pas le moindre
enjeu
démocratique et justifierait d’être tenu
éloigné des
«
gens », fut cependant exposé par un certain Jean-Jacques
Bourdin
lors du fameux entretien du Trocadéro qu’il mena avec
M.
Plenel face au Président. Sous les
regards attentifs
de tout le
pays,
M. Bourdin se permit alors l’indécence : à savoir
révéler
que
le principal bénéficiaire en France des politiques
fiscales
mises
en oeuvre par Emmanuel Macron entretenait
avec sa
femme
et avec lui des rapports intimes, qu’il était en somme
leur
ami, et que le principal bénéficiaire dont nous parlons
n’était
rien moins que… Bernard Arnault.
Indignation
générale ! Cachez ce sein que nous ne saurions voir
!
Scandale et médiocrité ! Non, vous ne vous trompez pas :
ce
ne
fut pas ce rapport qui suscita curiosité et indignation, mais
le
fait qu’il eût été énoncé.
Au nom de quoi un tel fait aurait-il à être exposé ?
Nous
serionsnous
à ce point abaissés ? Le Président n’a pas
d’ami, c’est
même
lui qui le dit ! Le cirque médiatique qui s’enclencha
aurait
fait
rire qui se montrerait en mesure d’oublier les drames
que ces compromissions, cet esprit veule et soumis,
cette
fantastique capacité à
adhérer à l’ordre pour quiconque sentirait
qu’il
se trouve sur le point d’être exposé, provoquent par
ricochet.
Drôle
de phrasé d’ailleurs qu’eut le Président pour
y répondre,
«
je n’ai pas d’amis », d’autant plus si
l’on connaît
quelques
peu un certain Xavier Niel, qui depuis des années ne
cesse
de répéter : « comme tous les riches, je n’ai
pas d’amis ».
On ne sait par quelle métempsychose la parole de Niel est devenue macronienne
–
enfin, on ne le saurait
pas, si l’on n’avait
su
qu’ils étaient amis – mais dans le même temps,
on l’aurait
peut-être
compris, si l’on avait cherché à entendre celui qui
ne
cessait
de dire qu’il fallait rêver d’être
milliardaire. Anecdote
insignifiante,
que la porosité de ce discours. Et pourtant.
Revenons
à la factualité, écartant un instant les discours
en
commun
disant communauté de vue, et les politiques qui chez
l’un
financent l’autre – on ne mentionne pas, puisque ce
n’est
pas
notre sujet, ce que M. Niel avait obtenu chez Madame Hidalgo
avant
de se servir chez M. Macron – comme l’on ne mentionnera
pas
la litanie délirante de politiques publiques mises
en
oeuvre par M. Macron pour protéger
ceux qui l’ont
fait monter.
Ce
serait prétendre à cette vision si étrange qui
ferait qu’in
fine,
ces êtres seraient sans idées et ne
penseraient la politique
qu’à
travers leur prisme, c’est-à-dire à travers ce qui
servirait
leurs
intérêts. Ce serait rompre avec une vision marxiste que
nous
considérons déphasée, qui fait des grandes
multinationales
des
molochs sanguinaires et désincarnés, là où,
en traversant
ces
espaces, nous n’avons vu que des intérêts
privés capables
de
se mobiliser et de se projeter à partir seulement de
leur
situation, ce qui explique la fragilité et la faiblesse,
l’absence
de
hauteur de vue de ces politiques qui in
fine desservent
à
long-terme les grandes institutions, qu’elles soient publiques
ou
privées, pour renforcer seulement les destinées de ceux
qui
les
président. Ce serait sortir d’un complotisme
un peu
vain
pour
exposer la médiocre humanité d’individus à
qui l’on avait
cru
une toute puissance machiavélique. Ce serait les dégrader.
Contentons-nous
donc de la factualité, et là encore, étonnonsnous.
Chose
étrange ! Car nous découvrons que le directeur de
la
rédaction de Mediapart,
qui a opiné du chef à l’affirmation de
M.
Bourdin, savait donc que M. Arnault et M. Macron étaient
amis,
et ne l’avait pourtant, en un courageux média
n’ayant jamais
douté
à exposer la vie privée des puissants, jamais
écrit ni
publié. Non seulement cela, mais à peine son collègue se contentait-il de l’énoncer
que
l’indignation tombait et qu’on lui reprochait cette
incursion, sans que M. Plenel ne dît
mot. Seraitce
parce
que la conjointe de l’homme chargé d’étudier
la caste
chez
Médiapart, Laurent Mauduit, avait
jusqu’en 2017 un
poste
important dans l’un des groupes où M. Arnault détenait d’importantes participations,
Carrefour,
que l’on en avait
rien dit ?
Ou
parce que le gendre de M. Arnault, Xavier Niel, avait investi
en
son média ? Il est permis d’en douter – c’est
ce qui fait l’horreur
de
ces conflits d’intérêt contre lesquels Mediapart s’est
érigé
en censeur. Nous n’y croyons pas, mais nous sommes
obligés
de le signifier.
Car
au-delà de ces suppositions s’impose un fait : face au
candidat
de
l’oligarchie, et malgré ses très nombreuses
enquêtes
fouillées,
malgré l’accumulation de factualités que Médiapart a
brillamment
permis de révéler, le quotidien ne s’était
à aucun
moment
élevé éditorialement
parlant comme il le ferait
contre
bien
d’autres politiciens, et s’était même
montré agréablement
complice
de M. Macron lors d’émissions
télévisées de fin de
campagne
qui auraient fait rougir un quelconque partisan. Que
ce
soit le fait de déterminismes sociologiques ou de la vieille
aversion
personnelle que M. Plenel avait pour
l’autre candidat
que
Mediapart aurait pu appuyer, M.
Mélenchon – aversion
dont
on ne parle également jamais – importe peu. M. Macron,
pour
fautif qu’il était, ce que les journalistes de Mediapart
ne
cessèrent
de démontrer, ne fut à aucun moment éditorialement
mis
à l’index comme le seraient bien d’autres dirigeants
pour
des
faits bien moins importants.
*
Voilà
cependant qu’à l’instant où nous
découvrons que les premiers
bénéficiaires
de politiques fiscales faisant s’évaporer
chaque
année des milliards – oui, milliards – des caisses de
l’État,
sont des proches de M. Macron, et que cette information
était
sue par les journalistes, personne ne dit rien.
29
Alors
que ces mêmes journalistes savent parfaitement que tous
les
experts et études économiques ont démontré,
je répète, démontré,
qu’aucune
raison économique ne présidait à ces
décisions,
qu’il
y a là dès lors non pas même suspicion, mais
détournement
avéré,
que l’on a vu le visage de M. Macron s’empourprer
et
tenter de s’en sortir en invoquant, malheureux ! une
phrase
arrachée à un autre de ses amis oligarques,
prétendant,
honteux,
comme un enfant pris la main dans le pot de confiture,
qu’il
n’avait « pas d’amis », l’on
s’interroge : à quoi joue-t-on ?
Qu’est-ce
qui, en ces esprits, peut bien justifier cet esprit de
veulerie
qui fait que l’on n’ait enquêté, exposé
ces liens-là ?
Pour
ne pas dire dénoncé ?
Pas
même besoin d’invoquer telle ou telle compromission : il y
a
déjà là de quoi être violemment
embarrassé. Depuis quand
ces
journalistes savaient-ils ? Pourquoi ne l’avaient-ils pas plus
tôt
non seulement énoncé, mais aussi rappelé,
insisté sur ce
fait,
relié comme le faisait, du bout des lèvres, Jean-Jacques
Bourdin,
à des politiques fiscales dont tout le monde a acté
l’absurdité,
et
pourquoi cela n’a-t-il pas
été fait et refait jusqu’à
nous
donner la nausée ? Pourquoi aucun enquêteur ne s’y étaitil
pas
intéressé, se demandant par exemple comment cela se
faisait
que M. Macron l’austère, l’homme de
l’immaculé conception,
porte
des politiques aussi favorables aux plus privilégiés,
alors
qu’il augmentait l’imposition de tous les autres pans de la
population
? Mais aussi tout simplement comment il avait rencontré
un
tel homme d’argent, et depuis quand ? Sans parler ni
oser
s’interroger bien entendu, sur l’effet et le soutien
qu’une
telle
amitié aurait pu susciter – ni plus fort encore, sur la
possibilité
qu’il
eut été combiné à celui de M. Niel.
Sur
l’idée par exemple, que M. Arnault ait mis à
disposition de
M.
Macron un quelconque appui pour le remercier ou l’influencer
dans
sa prise de décision.
Un
appui qui aurait pu prendre le nom de Mimi Marchand.
*
30
Comment
cela se fait-il en somme que l’ensemble de nos
délégataires,
qui
bénéficient de par leur fonction d’abattements
fiscaux,
de
privilèges légaux et réglementaires, ceux dont
dépend
le
fonctionnement de la démocratie représentative, nos
journalistes,
se
soient tus ou ait préféré esquiver toutes ces
années
ces
faits – prétendant qu’il y aurait là un geste
idéologique alors
qu’il
s’agit d’interroger une indéniable
corrélation, pour ne pas
dire
causalité – mais aussi une fois que le fait fût
révélé, ils se
soient
indignés qu’il le fut, plutôt que de
s’être lancé sur leurs
téléphones
et ordinateurs pour harceler leurs interlocuteurs et
ainsi
s’assurer que démocratie n’avait pas
été pervertie, que
probité
et intégrité étaient respectées, que nos
valeurs les plus
fondamentales
étaient protégées ? Pour tout simplement, faire
émerger
la vérité ?
Se
pourrait-il là encore qu’entre Bernard Arnault et son
gendre,
entre
leur pouvoir publicitaire et leurs propriétés,
ajoutés aux
réseaux
de pouvoir qu’ils entretenaient, ces êtres aient
créé
une
telle oppression que sa conscience s’en soit diluée,
faisant
naître
un conformisme de tout instant, puisque de toute façon,
les
journalistes se savent maintenant ne plus devoir à la
société
mais
à leurs propriétaires, à des annonceurs
plutôt qu’à leurs
lecteurs,
qui comptent toujours moins dans leur business
model
?
Ce pourrait-il que l’on comprenne ainsi comment peu à
peu
la fabrique de l’information en France s’est
effondrée, acceptant
avec
toujours plus de naturel l’aberrant, faisant s’amollir
jusqu’à
laisser s’effondrer la société, emprise dans la
mélasse
d’un
sentiment de pourri généralisé, alimenté
non pas par
la
vigueur de la presse, mais au contraire par son incapacité
à
dénoncer,
à se défaire de ces liens incestueux qui partout ne
cessent
de se déployer ?
Se
peut-il qu’au fondement de cette dégradation, de cette
perte
absolue
d’énergie qui transforme les journalistes en zombies,
se
trouve leur asservissement littéral aux mains de quelques
milliardaires
ayant un tel pouvoir qu’ils n’ont même plus besoin
d’en
user, se contentant ponctuels de faire taire, acheter,
31
intimider,
ou simplement désintéresser un quelconque journaliste
ne
voulant voir sa carrière s’achever, pour chez tous les
autres,
construire un impérieux besoin de conformité ?
Pourquoi
a-t-on attendu que le peuple se soulève pour commencer,
enfin,
sincèrement, à dénoncer ce qui jusqu’ici
apparaissait
naturel
– des politiques fiscales brutalement injustes,
produites
au service de quelques-uns – si ce n’est que quelque
part,
un asservissement conscient ou inconscient s’est installé
?
Où sont les dizaines de Unes faisant miroir à celles qui
vantaient
les mérites intimes de M. Macron et de sa femme, interrogeant
ses
liens avec Messieurs Niel et Arnault, qui auraient
dû
paraître au lendemain de la publication de Mimi,
la
veille
lorsqu’il décidait de supprimer l’ISF sans n’a
aucun moment
l’argumenter,
lors de la loi sur le secret des affaires ? Où
est
donc passée cette absence de pudeur qui amène tout le
monde
à parler de la vie privée des puissants lorsque celle-ci
leur
dessert, lorsque ces derniers en décident, et à se taire
dès
qu’elle
pourrait les gêner ? Où sont ces photographies et ces
papiers
chargés
de décortiquées non pas ses yeux bleus, mais les
relations
d’intérêt qu’il entretient et entretenait ?
Non pas ici et
là
une enquête, mais partout et en tout temps, des dizaines de
Unes
et de reportages, systématiquement agressifs et mis en
avant
?
Pour
s’assurer que tout cela n’est que fantasme, forcer M. Macron
à
démontrer ce que tout le monde sait : qu’il n’est
évidement
que
blanche colombe, qu’il n’y a rien à suspecter, que
tout
cela
a été soigneusement compartimenté ?
*
Une
fois le fait relationnel établi – et il le fut –,
nous serions allés
plus
loin. Outre l’interrogation sur le lien existant entre ces
fréquentations
et
les biais politiques de M. Macron, n’aurionsnous
pas
eu à chercher les compromissions et conflits
d’intérêts
qu’elles
pouvaient susciter ? D’aller chercher en ces espaces
protégés,
ces non-lieux de la République qui en certains
32
arrondissements
de Paris, fabriquent toutes les compromissions,
les
données permettant de prouver les interventions
dans
l’espace public de ces oligarques en faveur de leurs
protégés
?
Les recrutements et défonctions,
les interventions
factuelles
dans
leurs vies et celles de leur proche, ce que l’on
nomme
corruption ?
Il
ne serait alors plus seulement agit de se demander depuis
quand
donc M. Macron était devenu ami du couple le plus fortuné
de
France, ni comment l’on accèdait
à ces individus,
contre
quelle
engeance obtenait-on leur estime – puisqu’il n’y a,
dixit
Xavier
Niel, et l’on commence à comprendre le sens de sa
phrase,
nulle amitié en ces rapports, ce qui veut dire, de sa
propre
admission, qu’il n’y a que des intérêts
– alors que l’on
est
censé être un gentil gamin d’Amiens, venu perdu seul
à Paris,
fuyant
l’oppression familiale pour se construire son destin
pour
un amour tant de fois magnifié ?
Et
quel est le lien entre le fait que cette fable ait été
fabriquée
pour
être contée au grand nombre, et le masque
qu’immédiatement
elle
faisait porter sur les relations que nous venons de
mentionner
? Etait-ce une pure corrélation, où y avait-il justement
volonté
de masquer l’un en mettant en scène l’autre ?
S’agirait-il
en somme, dès le départ, d’une fabrication ?
Et
n’aurait-il pas fallu alors s’indigner, ou a
fortiori s’excuser,
d’avoir
parlé de ce gentilhomme de province
qui,
projeté sans
le
sous dans Paris par le fait d’un amour brisé,
s’était dévoué au
bien
commun suite à de brillantes études avant
d’être propulsé
aux
plus hautes responsabilités de l’État, sans ne
jamais
s’être
compromis, prêt à tout pour se sacrifier ?
N’était-ce pas
là
l’histoire que, de Paris
Match à
France Télévision, des journalistes
par
centaines avaient raconté, dépensant des millions
laborieusement
arrachés à la société pour mettre en
scène documentaires,
récits,
enquêtes et portraits relayant non pas la
réalité,
mais une fable fabriquée ?
Cet
être en fait appuyé – nous n’oserions dire fait
–
par
quelques
puissants en quête de relais, à un moment où tous
les
candidats
du système s’effondraient, n’avait rien de
l’innocence
33
que
l’on clamait. Et il ne faudrait pas s’excuser de
l’avoir pitoyablement
prétendu
?
L’on
entend déjà s’indigner tous les petits soldats du
régime,
ces
journalistes qui ne se contentent pas de placer leur indépendance
au-delà
de tout soupçon, mais accusent, face à qui
leur
présente les faits exposant leur compromission, de complotisme
ces
mises en doute de leur intégrité – comme si cela
avait,
face à l’évidence de leur échec, un
quelconque intérêt !
Ceux-là
même qui passent leur journée à arguer de leur
absence
de
servilité tout en ne se trouvant jamais en désaccord
avec
l’ordre ; écrasant de leur morgue et mépris les
dissidents
qui
oseraient les questionner ; tous ceux-là qui, tout en clamant
leur
liberté, n’auront cessé de cacher pendant cette
période ces
faits,
et qui, par leur récit avarié de la campagne
présidentielle,
portent
une immense responsabilité dans l’effondrement du
régime
auquel nous sommes en train d’assister.
L’on
entend les indigner, mais on ne peut, à ce stade, que les
mépriser.
Car ces êtres ont démontré qu’on ne pouvait
leur faire
confiance.
Soit du fait de leur bêtise crasse – incapacités
à l’intelligence
minimale
qui rend politique un rapport d’amitié
entre
un oligarque détenant des moyens d’agir sur le réel
supérieurs
à
ceux d’un État et un Président – soit de leur
compromission.
*
Car
même en les croyant – en croyant qu’il n’y
aurait rien à
soupçonner
à partir de ces liens non explicités – tout cela
aurait
en
effet a
minima et
d’évidence exigé de mobiliser d’immenses
moyens
d’enquête pour, enfin, fermer le clapet à ces
complotistes
et
autres ennemis de la démocratie qui, non contents
de
voir le mal partout, croient qu’il y a en
Paris un
cloaque
où
les politiques se vendraient aux financiers, sous le regard
absent
de journalistes avariés.
34
Que
nenni. Un seul journaliste, en un seul ouvrage, tenterait de
faire
ce travail à temps : L’Ambigu
M. Macron du
dit Marc Endeweld,
alors
journaliste d’investigation. Et cet ouvrage, alors que
personne
ne comprenait rien à rien au phénomène Macron, ne
serait
pas même chroniqué au Monde
ou
au Figaro.
Regardé
avec
dédain, on le laisserait passer, préférant
s’intéresser et
s’exciter
au récit que Lagardère et Niel, Arnault et Marchand
fabriquaient.
Un
seul courageux, le même qui démissionnerait par la suite de
Marianne
suite
à son rachat
par un oligarque tchèque, un certain
Kretinsky,
investissant par ailleurs dans Elle
et
Le
Monde
pour
préparer son rachat d’un Engie que
M. Macron s’apprêtait
à
privatiser, exactement comme M. Drahi
avait racheté Libération
sur
demande de M. Hollande – demande relayée par M. Macron
–
pour se voir autoriser au rachat de SFR, avant de nommer
son
ami et plume Laurent Joffrin à la
tête de sa
rédaction.
Cela,
ce n’est pas nous qui le racontons. C’est l’homme de
main
de
M. Drahi, Bernard Mourad, intime de M.
Macron, dans
le Vanity
Fair de
décembre 2018, qui expose sans se gêner les
modalités
de
constitution d’une oligarchie, un milliardaire trouvant
appui
en un Président contre le fait de mettre à son service
un
média racheté pour cela. Le tout, sans gêne ni
questions8.
Sans
indignation.
Non,
rien de tout cela fut fait. L’on préféra au
contraire s’étrangler
face
à l’exposition de ce fait, croire aux explications de M.
Macron
– sa prétention, contre toute évidence, de ne pas
avoir
d’amis,
et contre toute évidence supplémentaire, d’avoir
agi rationnellement
en
supprimant l’ISF là où tous les experts et les
études
le contredisaient. L’on préféra s’indigner
contre celui
qui
tout cela tentait d’exposer, alors pourtant que l’on
découvrait
dans
le même temps que la première fortune de France,
M.
Arnault, était bel et bien invité d’honneur par M.
Macron au
dîner
d’Etat donné par Donald Trump
quelque temps plus tôt.
Mais,
enfin, après tout, cela relevait probablement du hasard,
8
Ce
fait est le seul que nous
ajoutions dans cette version actualisée du texte d’octobre
2018, tant il nous
semble
grossier.
35
et
encore : en quoi, si cela se vérifiait, cela devrait
intéresser le
public
? Nous y revenions, l’ordre trouvant toujours à justifier
sa
lâcheté pour ne pas avancer. Après tout,
qu’importait,
quelques
milliards par ci, quelques milliards par-là ? Le politique
n’était-il
pas affaire d’empirisme, ne fallait-il pas les laisser
essayer,
et qu’importe si entre temps l’on dégradait pour ce
faire
la vie de millions de gens ?
Notre
président n’avait-il pas en somme eu pour seul tort,
pendant
l’entretien
du Trocadero, de s’être
montré embarrassé
d’un
fait insignifiant, et d’avoir nié l’existence
d’une amitié
somme
toutes naturelle ? Voilà l’argument que suivraient, une
fois
tous les autres épuisés, les soldats du système,
dans le but
non
plus de convaincre, mais de s’apaiser et de se tranquilliser.
Voilà
où mène la compromission.
Car
si M. Macron semble les avoir sélectives, ces amitiés, et
mettre
en oeuvre des politiques publiques
particulièrement
affines
aux
intérêts de ces amitiés, tout de même : ne
serait-il pas
naturel,
entre gens de talent, de s’apprécier et de se
fréquenter
?
Pourquoi soupçonnerait-on l’évidence, là
où il serait si facile,
face
à un être qui nous ressemble tant, de croire aux
bonnes
fées ?
N’y
aurait-il pas facilité, et complotisme,
à attribuer
aux fréquentations
des
uns les choix politiques des autres, alors
qu’une
législation puissante contrôle le financement de la vie
publique
– oublions un temps les vingt millions de Bygmalion
et
toutes les affaires qui récurrentes montrent
l’insignifiance
de
ce contrôle – et que nulle trace de compromission n’a
été
identifiée
? Pourquoi interrogerait-on l’insistance délirante
avec
laquelle cet être, outre l’ISF, défend le maintien
du CICE,
qu’il
a créé, et qui chaque année, coûte au moins
vingt-milliards
à
l’État, pour un effet que là encore tous
considèrent insignifiant
?
*
36
Avançons
cependant car nous n’y sommes pas tout à fait, et
vendons
la mèche : tous ces éventrements indignes ne sont encore
rien,
et vont nous mener à un point de synthétisation.
Rappelons
donc à ce stade qu’un ouvrage nous a permis de
découvrir,
en
septembre 2018, c’est-à-dire « seulement » un
an et
demi
après qu’une campagne présidentielle
censément démocratique
et
rendue transparente par une presse indépendante
et
féroce ait permis au peuple de se choisir ses dirigeants, que
Michèle
Marchand, alias Mimi,
femme
de peu de bien, dégradante
par
tous aspects, étant passée de la prison et de plus
basses
oeuvres encore, à devenir de
facto et
dès 2016
conseillère
en
communication d’un inconnu qui deviendrait Président.
Qu’elle
a agi avec l’appui d’un obscur homme de main et d’un
oligarque
délinquant repenti, avec l’appui d’un autre oligarque
et
de l’homme le plus puissant de France, utilisant pour cela des
réseaux
qui tiennent pour certains à des mafias et pour
d’autres
au plus profond de l’Etat – nous invoquerons plus tard
le
cas Squarcini ; le tout pour, par un
matraquage
médiatique
inédit,
faire découvrir et consacrer un individu sorti de nulle
part
qui appliquerait des politiques extrêmement favorables à
ces
individus.
Que
ce matraquage médiatique n’a été
compensé, contredit,
par
aucune enquête sérieuse, si ce n’est celle de M. Endeweld,
alors
journaliste indépendant. Un seul journaliste.
Que
ce matraquage s’est doublé, ou a nourri, par suivisme et
conformisme,
des centaines d’articles élogieux, parfois
prétendant
seulement
à une inatteignable objectivité, chez des journalistes
sérieux
et inconscients de ce qu’il se jouait, mais aussi
de
documentaires et de mises en scènes diverses - on se rappellera
notamment
les meetings à moitié vides présentés
comme
glorieux, ou les proses poussives présentées comme
brillantes,
ou encore les propositions programmatiques inexistantes
justifiées
au nom du pragmatisme et de l’intégrité.
Car
l’on sait bien la nature grégaire de l’être
humain, et ses difficultés,
face
à un phénomène que tous présentent comme
naturel
et
de masse, à préserver son jugement.
37
L’on
a donc a appris que ce matraquage avait été le fait entre
autres
d’un oligarque, Xavier Niel, lui aussi donc délinquant
condamné,
détenteur d’une septième fortune de France
dépendant
de
l’État et ayant pour cela bénéficié
de l’appui établi d’un
homme
politique ; oligarque qui a décidé, après avoir
racheté
les
plus importants médias du pays, de se mettre au service
d’un
jeune premier pour l’aider à se faire connaître et
consacrer.
Puis,
par nos soins et non plus par ceux de nos enquêteurs qui
ont
dû taire un certain nombre d’informations pour des raisons
évoquées
et d’autres qui seront à évoquer, que ce même
Xavier
Niel
était le gendre de Bernard Arnault, première fortune de
France,
que ce même Bernard Arnault connaissait intimement
Brigitte
et Emmanuel Macron depuis une période indéterminée,
que
cela se savait, que cela n’avait pas été dit, et
que M.
Arnault,
outre les avantages fiscaux que M. Macron lui octroierait
par
loi plutôt que par exception – cela se serait trop
rapidement
vu
– avait bénéficié pendant la même
période des services
de
la même personne que lui et M. Niel pour façonner son
image
auprès des Français. Et que donc la conseillère en
communication
de
deux des plus puissants oligarques de France
était
aussi celle du Président de la République, et
l’avait servi
«
gratuitement » sans que personne n’en sache jusqu’en
septembre
2018
rien, le tout sans contrat écrit, en topant – le tout
alors
que M. Macron faisait payer à des millions de Français des
politiques
fiscales qui ne servaient que les premiers, et que M.
Lagardère
couvrait tout cela en autorisant ces politiques de
communication.
*
Le
lecteur suspicieux demandera à cet instant : et alors ? Cela
n’était-il
pas, à défaut d’être dit, compris ?
Tout
d’abord, rappelons qu’il ne s’agit pas que de cela.
Qu’outre
les
menus cadeaux fiscaux, les constitutions de fortunes ne sont
pas
aussi miraculeuses que l’on le croirait, et que leur lien avec
le
politique, et leur capacité à l’influencer, est
déterminante dès
38
lors
que ces fortunes se comptent en milliards et non en millions.
Rappelons
également que les constitutions de destins politiques
en
France, en cette si glorieuse démocratie que nous cessons
de
vanter, ne doivent peut-être pas tant qu’on le croyait
aux
vertus et qualités intrinsèques des uns et des autres mais
bien
à leur capacité à séduire et à
servir ces mêmes oligarques,
dont
on a vu qu’ils étaient capables de dépenser des
centaines
de
millions en des médias pour nous faire croire à leur
désintéressement.
Et
que l’appui donné à la fortune des uns – appui
dont
il est objectivement établi qu’Emmanuel Macron donne
à
ses
protecteurs, par l’adoption de toute une série de
dispositions
fiscales
et réglementaires les intéressant directement et
n’ayant
aucun bénéfice pour le bien commun – peut faire la
destinée
politique
des autres. Quitte pour cela à passer par des
tiers
peu recommandables.
Qu’en
somme, les amitiés que M. Macron entretient avec Messieurs
Arnault
et Niel pourraient ne pas être aussi insignifiantes
qu’on
l’a prétendu, mais au contraire être
déterminantes,
nous
insistons sur ce mot, déterminantes politiquement,
et
que celles-ci ont peut-être été masquées du
grand public
pour
une raison. Et que lorsqu’elles n’étaient pas
masquées,
auront
été rendues insignifiantes, secondaires,
étouffées
pour
la même raison.
Rappelons
en effet les modalités de constitution de la fortune
de
Monsieur Arnault, devenu le plus riche d’entre nous : c’est
bien
grâce à une scandaleuse opération effectuée
aux dépens
de
l’Etat, rachat de Boussac effectué par la grâce
d’une faveur
politique
que lui octroierait lors des années quatre-vingt un
certain
Laurent Fabius, que M. Arnault a pu construire son empire,
devenir
milliardaire, racheter des médias par pelletés et,
devenu
première fortune française, se lier d’amitié
avec des
Présidents
de la République décidés à alléger
son fardeau fiscal
pour
permettre d’à ses enfants léguer une puissance non
dissimulée
–
Président qui n’hésitera pas, une fois élu,
à affirmer
que
les tentatives de fraudes fiscales n’étaient
qu’optimisation,
39
et
qu’il y avait de « bonnes raisons » à
s’exiler fiscalement en
Belgique.
Voilà
où nous en sommes arrivés.
*
C’est
bien par son lien avec le politique, qui a généreusement
mobilisé
les ressources de l’État pour subventionner les entreprises
que
M. Arnault prétendrait avoir sauvé après se les
être
vues
littéralement offertes et les avoir démantelées
– prétendrait
à
une politique sociale qu’il trahirait – que cet oligarque a
fait
sa fortune. C’est bien par des amitiés et autres
connivences
alors
considérées inoffensives, avec M. Fabius très
spécifiquement,
que
ce Monsieur Arnault est devenu ce qu’il est, au détriment
d’un
pays tout entier. Mais surtout, nous rappellerons
que
si les biens qui fondèrent sa fortune furent bradés par un
pouvoir
aux abois, ce ne fut pas pour éviter une faillite et des
licenciements
– puisque factuellement, ces
licenciements
interviendraient
–
mais parce que ce pouvoir se trouvait à la recherche
d’appuis
pour se maintenir en fonctions et contrer
l’inexorable
retour de la droite à partir de 1983, et cherchait à
se
constituer un réseau de financiers et de relais
médiatiques
capables
de construire un dispositif écrasant l’espace public et
faire
ainsi oublier la trahison de leurs promesses de campagne.
Qu’ils
le firent chronologiquement dans cet ordre, pour se
maintenir
au pouvoir. Pour dévoyer la démocratie.
Et
l’on commence à comprendre comment tout cela peut nous
affecter
beaucoup plus gravement qu’on aurait pu le penser.
Le
lien entre petite et grande corruption, entre petite et grande
politique
– entre un CICE créé par un M. Macron encore
secrétaire
général
de l’Elysée, dispositif ayant coûté à
l’État plusieurs
dizaines
de milliards d’euros et dont le premier bénéficiaire
serait
le groupe Carrefour, on le retrouve encore là – et
le
soutien exubérant que ces mêmes grandes entreprises lui
octroieraient
en
retour – commence à se tisser.
Et
nous comprenons qu’il y a dès lors là, dans ces
questions
d’amitié
qui pouvaient sembler insignifiante, quelque chose
qui
touche directement à l’intégrité de notre
régime, et dans la
40
complaisance
que les journalistes ont montré à l’égard de
ces
puissants
quelque chose qui commence à relever de l’ordre de
la
criminalité.
Le
principe d’une démocratie représentative est de
consacrer
des
intermédiaires chargés de représenter le peuple et
la société
et
de contrôler l’action de l’État et de nos
gouvernants. Les
journalistes
au premier chef sont chargés de s’assurer que nos
représentants
n’utilisent pas le pouvoir au profit de leurs
propres
intérêts. S’ils ne le font pas, le sens même
de notre régime
s’effondre,
et notre démocratie devient formelle là où elle
était
réelle. Quel sens à une élection où
l’on aurait à voter à
l’aveugle,
incapacités à connaître quoi que ce soit des
acteurs à
qui
l’on nous présenterait, des intérêts qui les
ont propulsés ?
*
Mais
continuons notre procès, car nous n’en avons pas fini avec
nos
révélations. De la même façon que l’on
ne devient pas milliardaire
sans
raison, l’on ne devient pas président n’importe
comment.
Cela est évident. L’exceptionnalité de la fonction
qui
consiste
à diriger un pays nous fait trop souvent penser qu’elle
serait
le fruit de l’exceptionnalité de la personne qui
s’en est
saisie.
Or certains mécanismes de cooptation et de corruption
jouent
bien plus fortement que les qualités que l’on croit
intrinsèques
et
nécessaires à la direction des peuples. Et Xavier Niel,
qui
a décidé - comme Bernard Arnault9
-
d’investir sa fortune
dans
les médias et pour alimenter ses réseaux, le sait bien. On
ne
fréquente pas Mimi Marchand sans raison.
Bien
entendu, l’être naïf pourrait le penser. Il faut alors
à nouveau
le
rediriger vers l’ouvrage que nous citions, Mimi,
et qui
révèle
dans la suite de M. Endeweld que Xavier
Niel, avant
de
proposer
aux « Macron » de coopérer avec Michèle
Marchand,
9
Que
l’on rappelle à ce stade être le
propriétaire non seulement du plus grand conglomérat de
luxe
au
monde, capable par leur puissance publicitaire de tuer un média
s’ils le
décidait, mais aussi
directement
du plus important média de France, le Parisien,
et
du seul quotidien d’information
économique
de notre pays, excusez du peu, Les
Echos, après
avoir achevé La
Tribune, son
concurrent
41
avait
offert à ces derniers d’utiliser ses «
réseaux » pour tenter
de
vérifier et d’éventuellement faire taire une
information.
Nous
parlons bien là oui du plus important détenteur de titres
de
presse du pays. Celui-là même qui a mis la main sur Le
Monde
et
quelques autres journaux, tout en
prétendant ne jamais
intervenir
dans leur contenu. Nous parlons bien là du futur
Président
et de la future première dame, Monsieur et Madame
Macron,
qui acceptèrent ce service, et par là-même,
déjà,
acceptèrent
de s’asservir à un tiers qui leur devenait tout puissant,
devenant
redevables d’un fait qu’il pourrait à tout moment
réutiliser,
se liant à jamais à sa capacité à les faire
chanter.
*
Pourquoi
cela est-il si important ? Car cela nous permet de
comprendre
comment opère Monsieur Niel, qui prétend ne jamais
intervenir
dans les contenus produits par ses
journaux
–
ce
que ne prennent même pas la peine de faire M. Dassault,
propriétaire
lui
du Figaro
après
le rachat par son père du groupe
de
Robert Hersant, et dont on sait quels accords il tissa avec un
autre
homme politique, M. Valls, pendant cette période via
son
père
et auparavant ; ni M. Lagardère, ni M. Arnault. Cela pourrait
nous
sembler mieux, c’est en fait pire, car cela entretient
une
illusion que les journalistes s’époumonent à
défendre
contre
toute évidence, celle d’un libre-arbitre qui serait par
tout
cela préservé, et dont il faut absolument se
défaire, illusion
sur
laquelle Mediapart jouerait grandement, en
publiant
une
vraie-fausse
grande enquête sur M. Niel qui ferait pschit,
avant
de
s’en désintéresser à jamais ; illusion sur
laquelle Le
Monde
tenterait
de jouer à son tour en publiant une grande enquête
sur
M. Kretinsky lors du rachat par ce dernier
des parts
d’un
autre
petit oligarque, Mathieu Pigasse ;
feignant de croire
que
c’était
cela que, par ces rachats, que M. Niel et M. Kretinsky
cherchaient
à éviter ; aveugles à l’influence politique,
bien plus
importante,
qu’ils cherchaient en fait à acheter et qui valait
bien
ces quelques menus dérangements.
42
Cela
est bien pire, car à quoi bon intervenir directement sur les
contenus,
lorsque l’on peut s’appuyer sur des hommes et
femmes
de main comme Michèle Marchand, invisibles jusqu’à
l’ouvrage
de septembre 2018 ? A quoi bon, lorsque l’on sait
pouvoir
intervenir indirectement dans la production de l’information
par
le truchement d’un homme de main, Louis Dreyfus,
qui
s’est trouvé un temps à la fois directeur
général du Monde,
de
l’Obs et
des Inrockuptibles,
excusez du peu,
en charge, en
tous
ces journaux, du recrutement et du licenciement, des promotions
et
mises au placard de tous les journalistes des plus
prestigieuses
rédactions de Paris, où tous les journalistes de
France
rêvent d’être recrutés ?
Xavier
Niel ne censure jamais un article. A quoi bon, lorsqu’il
est
possible de le faire censurer – par les réseaux mafieux de
Michèle
Marchand, par les pressions ou craintes de pression de
M.
Dreyfus, par l’autocensure de tous ceux qu’il a
soigneusement,
avec
ses camarades oligarques, précarisés et pressurisés
?
Pourquoi prendre le risque d’apparaître alors qu’il
suffit de
donner
instruction à tel ou tel de faire licencier et recruter les
journalistes
qui auraient l’heur ou le malheur de lui plaire ou
de
le déplaire ; de demander à Madame Marchand de faire
disparaître
telle
ou telle information, ou décrédibiliser tel ou tel
opposant,
sans que personne ne puisse deviner que c’était sur
son
instruction que ses hommes de main à elle agiraient pour
intimider,
détruire ou galvauder ; et, en jouant sur la
précarité
d’une
profession veule et servile, maintenue aux abois par sa
lâcheté,
mais surtout par l’accumulation de concentrations capitalistiques,
plans
sociaux et pressions sur les salaires toujours
plus
accrus, de s’assurer que personne ne prendrait le
risque
de trop s’y opposer ? A quoi bon, alors qu’il lui a suffi
d’acheter
les plus importants titres de presse du pays pour se
placer
en haut de la chaîne alimentaire et s’assurer qu’aucun
ambitieux
ne s’attaquerait jamais sérieusement
à
lui, là où en
toute
société saine, M. Niel comme tout autre oligarque aurait
été
perçu au contraire comme un trophée de guerre pour tout
journaliste
cherchant à se faire un nom ?
43
A
quoi bon, alors que le plus important est bien de pouvoir, de
déjeuner
en déjeuner permis par l’influence qu’on lui
prête, influencer
les
hiérarques du régime, mais aussi suggérer en retour
à
l’homme de main l’intérêt qu’il aurait
à porter à tel
homme
politique ou dirigeant, suggestion qui se verra colportée
auprès
du directeur de la rédaction, qui à son tour, et ainsi
de
suite – l’air de rien, chacun ignorant volontairement
à qui
cet
intérêt d’apparence innocent pourrait servir –
jusqu’à enfin
arriver
au journaliste à qui sera commandé un article, luimême
maintenu
dans l’ignorance des mécanismes ayant fait
naître
cet intérêt, comme cela arriva pour M. Macron, charge
à
ce
dernier d’ensuite récompenser comme il le faudra son
protecteur
bien
aimé ?
*
Personne
ne semble
se
troubler que l’on continue à dire que M. Niel, la famille
Arnault
et
les Macron se seraient rencontrés pour la première fois
six
mois après que M. Niel m’ait indiqué que son ami
Emmanuel
Macron
deviendrait Président de la République, et qu’ils
l’auraient
fait
– comble de l’absurdité – lors d’un
dîner à New York
ou
Los Angeles, information que tous, sans ne l’avoir jamais
vérifiée,
ne
cessent pourtant de relayer depuis que M. Bourdin a
44
forcé
les journalistes à faire semblant de s’intéresser
à ces sujets,
comme
pour mieux, tout cela, étouffer.
*
Vous
saturez ? Et pourtant, cela n’est pas tout ! Et ce n’est
même
que le début. Car le beau-père putatif de Xavier Niel,
Bernard
Arnault,
qui s’est permis le luxe de recruter le tout puissant
ancien
directeur des services secrets du pays, Bernard
Squarcini,
au
sein de LVMH pour en faire son « monsieur sécurité
»
– ce même M. Squarcini qui
continue d’appeler ses
anciens
subordonnés
pour leur demander des informations sur
telle
ou telle personne,
Bernard
Arnault donc, a mis au service du
Macron
candidat son appareil de sécurité pour compléter la
protection
que lui offrait médiatiquement, via
son
gendre Xavier
Niel,
Michèle Marchand.
Qui
aurait
amené
à s’interroger, et dès lors découvrir, que
M. Arnault
connaissait
en fait Brigitte Macron bien avant Xavier Niel, qu’il
a
en fait présenté M. Macron à Xavier Niel, par la
grâce de Brigitte
Macron
qui s’était faite la professeure de ses enfants au
45
sein
du très sélectif et fermé lycée
privé Franklin, temple de
l’oligarchie
où se forment les héritiers de l’élite du
pays ; et que
c’est
en fait bien Bernard Arnault, via
Delphine
Arnault, et non
l’insignifiant
Pascal Houzelot, comme le prétend
l’ouvrage
Mimi
-
qui a fait se connaître Xavier Niel
et Emmanuel Macron
en
premier.
*
Voilà
donc que l’on a découvert en passant que la
désintéressée
et
généreuse Brigitte Macron, admirée par tous les
Français depuis
que
la trafiquante de drogue Mimi Marchand est devenue
sa
meilleure amie et a été par deux oligarques
chargée d’en
faire
une première dame idéale, Brigitte Macron donc,
égérie
du
bien commun, enseignait non pas en un lycée public, non
pas
en un lycée difficile, non pas en un lieu où son
engagement
serait
à valoriser, mais dans l’un des lycées les plus
cossus de
Paris,
choisi volontairement et où elle profitait de son poste
pour
se lier avec la principale fortune de France et la présenter
à
son ambitieux mari – que l’on disait alors
désargenté et
éploré
– pour s’assurer que ce dernier se verrait mettre le pied
à
l’étrier et s’en trouverait aisément
propulsé.
Là,
l’on commence véritablement à avoir le tournis. Le
jeune
homme
au regard tranchant, blanche colombe prête à se sacrifier
pour
la France, venue du rien pour prendre le tout, présenté
au
peuple qui l’aurait immédiatement adoubé, avait en
fait,
avant même d’être ministre ou secrétaire
général adjoint
de
l’Elysée, comme soutien et ami non seulement
l’oligarque
Xavier
Niel, mais aussi la première puissance financière de
France,
en plus de la banque Rothschild et de ses réseaux, qu’il
obtiendrait
en trahissant l’inspection générale des finances
–
elle-même
richement dotée en réseaux tant les trahisons du
corps
ont fini par en faire une passoire et une source de compromissions
récurrentes
pour l’État plutôt qu’un organe de
46
contrôle
de ce dernier –, en plus de la bourgeoisie amiénoise,
en
plus de ceux de Jean-Pierre Jouyet que
l’on s’apprête
à exposer,
et
ce alors même qu’il n’était organiquement,
publiquement
«
rien ».
*
Où
le faire, comment le faire savoir ? Quel organe de presse
pourrait
l’accueillir, y compris pour le contredire ? Libération,
L’Express
ou
BFM
TV ?
C’est-à-dire les médias détenus par
Patrick
Drahi,
dont
l’empire a été consolidé avec l’aide
d’Emmanuel
Macron,
Drahi qui l’a remercié en
mettant à sa disposition
sa
main droite et directeur de
facto de
ses médias, Bernard
Mourad11,
pendant la campagne présidentielle,
après que ce
Bernard
Mourad ait, sur ordre de M. Drahi, «
suggéré » des
Unes
au sujet de M. Macron, lors des comités de rédaction de
ces
médias auxquels, contre toute logique, il participait ? A
l’Obs,
au Monde,
à Télérama,
à Mediapart,
dans
la dizaine
d’autres
médias où Xavier Niel a investi ? Au Figaro,
chez Olivier
Dassault,
où il faudrait espérer qu’un journaliste trouve le
courage
d’attaquer les collusions entre médias et milliardaires,
après
que l’empire de son père se soit construit en
s’appuyant
sur
cela ?
Rions
jaune, et pensons plutôt aux télés ou radios
publiques,
dont
les directeurs sont nommés par le pouvoir politique –
indirectement
certes,
en ces affaires, l’on aime à rester pudiques,
même
s’il l’on fini par nommer,
comme à RadioFrance, une camarade
de
promotion – et dont nous venons de montrer comment
l’un
des piliers de l’information compromettait
l’intégrité
du
groupe pour servir son ami président et se venger de sa
Présidente
–
où jamais la plus brillante de ses investigatrices, Elise
Lucet,
ne
s’est attaquée à ces sujets. Au Parisien
ou
aux Échos,
chez
Bernard Arnault, à Vanity Fair,
qui publie des articles de
11
Nommé
par la suite et de ce fait
patron de Bank
of America
France,
qui se verrait
miraculeusement
attribuer
par le pouvoir la gestion de la privatisation des
Aéroports de Paris. Il avait été nommé,
avant sa
mise
à disposition auprès d’Emmanuel Macron, directeur
du pôle
presse du groupe de Patrick Drahi, et
donc
de
facto dirigeant
de l’Express et de Libération, racheté par
Patrick Drahi sur suggestion de
François
Hollande,
présenté à ce dernier par Emmanuel Macron via
Bernard
Mourad, afin d’obtenir la « neutralité
bienveillante
» de l’État dans son rachat de SFR.
50
commande
et qui coulerait immédiatement si ce dernier cessait
de
le financer ?
A
Canal
+ ou
chez
C8,
chez
Vincent Bolloré à qui Macron confia
part
de sa communication alors qu’il était ministre de
l’économie
via
Havas
– avant qu’Hanouna,
pilier capitalistique du
groupe,
n’en devint le meilleur relais, l’invitant
régulièrement
à
communiquer par téléphone lors de ses émissins ? A
TF1 ou
TMC,
chez Martin Bouygues, là encore compromis jusqu’aux
ongles
et dépendant de la commande d’État ? Au JDD
?
Là où
Gattegno
a
montré toute sa capacité à servir ceux qui
plaisaient
à
son propriétaire, un certain… Arnaud Lagardère !
…
L’on
nous dira que l’on exagère. Il y a bien des radios. Puisque
le
service public a les problèmes que l’on sait,
peut-être Europe
1 ?
Lagardère, encore ! RMC
?
Alain Weil, c’est-à-dire, depuis
quelques
années Patrick Drahi, Alain Weil
qui est par ailleurs
comme
on le montrera, via
sa
soeur, intime de la macronie.
RTL,
qui
appartient à M6,
l’un des principaux partenaires de
Mediawan,
le
fond d’investissement dans l’audiovisuel de Xavier
Niel
?
Après
avoir parcouru en pensées l’ensemble de l’espace
médiatique
français,
s’être arraché les cheveux, l’on pense
à des éditeurs.
..
Fayard
?
Mais Fayard
a
été racheté par Hachette,
c’est-à-dire
par
Arnaud Lagardère, dirigé effectivement
par
ce même Ramzy
Khiroun
qui
est intervenu pour protéger Mimi Marchand à Paris
Match,
et dont la numéro 2 est la femme du « grand ami » du
Président,
le fameux Bernard Mourad ! Grasset
?
Sous les apparences
de
différences, le même propriétaire, la même
hiérarchie,
et
l’on comprend maintenant pourquoi l’ouvrage attribuait
à
Marchand ce que M. Khiroun faisait, on le
dit en
passant,
mais
il faut mesurer ce que de manque d’intégrité cela
signifie.
Gallimard
?
Ils viennent de
censurer Annie Lebrun, auteur historique
de
la maison, parce qu’elle critiquait LVMH dans son
dernier
ouvrage sur la mode. Tout lien avec la prise de participation
récente
de la société de Bernard Arnault au capital de la
maison
n’y serait pour rien.
Car
continuons ! Flammarion
?
Racheté par Gallimard
il
y a quelques années ! Actes Sud, chez Françoise Nyssen
?
Rions, jaune toujours, d’un rire toujours moins riant. Mais
il
y a bien encore moult d’éditeurs indépendants. Le
Seuil, La
Découverte,
La Fabrique, peut-être. Certes, certes. Mais avec
quels
distributeurs, et quels moyens de diffusion ? Ceux-là
même
qui sous la coupe des premiers… ? Et là encore, quelle
capacité
à se signifier ?
Revenons-en
à la presse. Le
Point alors.
Mais Le
Point est
propriété
d’Artemis, la holding de François
Henri-Pinault ! Et alors
nous
répondrait-on ? N’est-il pas l’ennemi de Bernard
Arnault ?
.
*
Cessons
de penser à tout cela pour l’instant, et continuons. Car
l’on
a découvert entre temps que ces affaires ne s’en tenaient
pas
là, et qu’Alexandre Benalla
était le point d’entrée
officieux
de
Michèle Marchand à l’Elysée. Là, le
souffle se retient. Benalla,
ce
même Alexandre Benalla qui,
introduit dans la macronie par
un
apparatchik LR défroqué, un certain Sebastien
Lecornu, en
sus
de frapper des citoyens pendant son temps libre, avait tenté
de
monter une garde prétorienne à l’Elysée,
c’est-à-dire de . . .
….
cet être, ravi de la crèche et probablement
inconscient
de qui il servait à cet instant, c’est Jean-Pierre
Jouyet.
Et
qui nous y mène ? Un certain Ludovic Chaker,
acolyte
invisible
d’Alexandre Benalla qui en a
organisé le recrutement,
premier
secrétaire général d’En
Marche, depuis
sis au coeur du
dispositif
antiterroriste de l’Élysée, et qui avait pour
mission de
mener
le même projet que son collègue auprès des forces
armées.
Or
Ludovic Chaker, civil qui s’est
trouvé propulsé au coeur du
secret
d’État, habilité à en connaître tous
les détails, et dès lors
ayant
à connaître et faire connaître tout ce qu’il y
a à dire sur
quiconque
pourrait menacer les intérêts de M. Macron – versant
cérébral
en somme de M. Benalla – utilisant
pour cela une
certaine
Mimi Marchand, n’est pas n’importe qui. Il est le point
d’entrée
dans l’appareil militaire 12
d’Ismaël
Emelien, plus
proche
conseiller d’Emmanuel Macron qu’il a rencontré sur
les
bancs
de SciencesPo, et qui à
l’Elysée était chargé de
transmettre
l’ensemble
des renseignements pouvant l’intéresser
pour
ensuite ordonner les basses-oeuvres
qu’il pourrait
nécessiter
en
les faisant diffuser par la presse de façon suffisamment
discrète
pour que le conseiller spécial ne se trouve jamais
impliqué,
faisant
tout cela sans avoir à répondre à une quelconque
hiérarchie
militaire comme c’est normalement le cas en ces affaires
là.
Voilà
donc, pour des raisons de basse politique comme on
l’imaginera,
M. Macron qui dessine à l’Elysée une structure
chargée
d’alimenter les différents réseaux crapuleux qui
l’ont
appuyé
en informations permettant de discréditer les adversaires
ou
de se protéger. Le dispositif a été
révélé lorsque l’on
a
appris que M. Benalla avait transmis
à M. Emelien les images
de
vidéosurveillance de la manifestation du 1er
mai
2018, et
que
M. Emelien les avait par la suite fait
diffuser sur
des réseaux
sociaux
à travers des comptes anonymes. A d’autres reprises,
ce
serait Mademoiselle Marchand et des vecteurs officiels
qui
seraient mobilisé. Cette fois, l’information provenant
12
Fait
unique dans la Ve
République : jamais un civil n’avait été
intégré au chef d’État-major
particulier de
la
Présidence de la République
55
de
la hiérarchie policière et non militaire,
c’était bien M. Benalla
et
non M. Chaker qui en avait
été chargé.
M.
Chaker n’est pas un homme
d’Etat, pas même un
fonctionnaire,
et
n’apparaissait sur nul organigramme jusqu’à ce que
l’affaire
Benalla l’expose aux yeux de tous.
Cela, pour une
seule
et
unique raison : protéger M. Emelien
d’une quelconque
répercussion,
créer
un interface supplémentaire qui permettrait de
se
dédouaner. M. Chaker a en effet,
comme beaucoup
d’individus
projets
loin de leur milieu sans compétences particulières,
la
particularité d’être d’une grande
fidélité qu’il double d’une
incessante
célérité. Ces hommes sont toujours utiles pour le
pouvoir.
Ayant seulement servi la DGSE quelques années avant
d’en
être évincé, il ne s’est retrouvé
là que par la grâce et dès
lors
pour le service de son maître. Mais si nous en parlons,
c’est
car
la façon par laquelle il y est arrivé dit plus encore que
les
cartes
qu’il a tenté d’y jouer. Car sa promotion
auprès d’Emmanuel
Macron,
et c’est là ce qui nous intéresse, peu avant la
campagne
présidentielle
puis à l’Élysée, révèle
l’intrication profonde
de
l’alors candidat avec un autre pan de l’oligarchie du
pays
: celle qui s’assure que les intérêts des puissants
se trouveront
relayés
au sein de la machine d’État. Elle montre à la fois
l’étendue
des influences qui s’appliquent à la Présidence
Macron,
l’endogamie
de notre élite, mais aussi la pauvreté d’un
système
de cooptation qui au sein de ce pouvoir permet, par
faits
de népotismes et de services rendus, de maintenir des
privilèges
qui
protègent quelques-uns, sidèrent l’action publique
et
lui retirent ses moyens.
Elle
révèle enfin à quel point la presse s’est
là encore volontairement
aveuglée,
glorifiant celui qui pourtant n’était que le
pont
idéal pour unifier cette conjonction
d’intérêts.
*
Il
ne suffit pas de s’entourer de puissants qui recherchent des
fondés
de pouvoir, ce qui requiert déjà quelques
qualités, dont
un
profil suffisamment immaculé auprès du grand public,
exigeant
notamment
de ne pas s’être trop visiblement compromis,
pour
devenir Président de la République : il faut aussi savoir
56
s’entourer
d’une armée de fidèles, suffisamment fidèles
pour se
taire,
mais aussi intégrés au système, en connaissant les
rouages
et capables de mettre en branle les projets de ces puissants
;
chargés en somme d’une légitimité
d’apparence suffisante
pour
garantir la fidélité de l’appareil étatique
et ainsi,
dans
un aveuglement généralisé, le mettre au service
des intérêts
de
ceux qui vous ont choisi. Suffisamment cyniques et
intéressés
pour
eux-mêmes nourrir la machine de pouvoir sans
ne
jamais trahir ni dénoncer – c’est ce qui explique la
multiplication
des
marques d’affection que M. Macron a donné suite à
son
départ à M. Benalla –,
suffisamment bien rémunérés et
protégés
pour
n’à aucun moment
s’interroger sur les fondements
de
la politique appliquée, et des spoliations ainsi menées ;
ayant,
en somme, suffisamment à gagner pour vous vendre
leurs
atouts et qualités.
Or
M. Macron, qui était singulièrement jeune et ne
s’était fait
maître
d’aucun parcours en propre lui permettant d’avoir
construit
et de pouvoir revendiquer de telles fidélités –
c’est ce
qui
expliquera par ailleurs son appel à des baronnies
empruntées,
dont
M. Collomb fut la plus importante, et la
précarité
d’un
dispositif
qui ne pouvait que s’effondrer – a dû constituer
artificiellement
ce
vivier, ce qui l’a amené à quelques erreurs,
comme
le recrutement de M. Benalla par M. Chaker. Propulsé,
il
a dès lors dû puiser en un cet autre pan de
l’oligarchie qui
avait
elle aussi à défendre ses intérêts,
n’avait pas les moyens
ni
les relais des oligarques que nous avons mentionné, mais
cherchait
à s’y lier, et bénéficiait d’une
inscription au sein de la
technostructure
qui servirait idéalement M. Macron.
L’affaire
fonctionne ainsi en amont et en aval de Monsieur Macron.
Ludovic
Chaker a été le relais
invisible d’un dispositif
couronné
par
un certain Jean-Pierre Jouyet.
Repéré et recruté par
Richard
Descoings à SciencesPo, institution
publique, au sein
d’un
dispositif de pouvoir partiellement décrit par Raphaëlle
Bacqué
dans
son ouvrage Richie,
lui aussi publié chez Grasset,
il
y fut propulsé responsable de l’Asie, et y rencontrerait
une
certaine
Brigitte Taittinger-Jouyet,
héritière de l’une des
plus
importantes
familles industrielles de France, recrutée à
57
SciencesPo
pour,
de dîner mondain en événement hippique
dans
le petit Paris, alimenter en levées de fond les caisses de
SciencesPo,
tandis que son mari, Jean-Pierre Jouyet,
puissant
directeur
du trésor devenu le très puissant directeur de
l’Inspection
des
Finances, puis le tout puissant secrétaire général
de
l’Elysée, mobilisait ses réseaux pour soutenir
Emmanuel
Macron,
parfois à la limite de la légalité.
M.
Jouyet a rencontré M. Macron suite
à la sortie de ce
dernier
de
l’ENA, qui l’a vu être affecté au même
« corps » d’origine que
celui
de M. Jouyet, corps que ce dernier se
trouvait par
ailleurs
diriger.
Intrigué par un jeune homme déjà soutenu par des
êtres
plus puissants que lui et montrant une ambition sans
fards,
M. Jouyet se décide à lui
offrir l’intérim de la
toute-puissante
Inspection
des finances, alors que lui-même, qui se disait
pourtant
socialiste jusqu’alors et le meilleur ami de François
Hollande13
était
nommé secrétaire d’État aux
affaires européennes
auprès
de Nicolas Sarkozy. Cela a peut-être été dit,
mais
si Emmanuel Macron s’est vu offrir pendant cette période
d’entrer
au cabinet du premier ministre d’alors François Fillon,
c’est
par le truchement de la même personne – Jean-Pierre
Jouyet
– qui
le ferait rentrer à l’Élysée sous
François Hollande.
Ainsi
vont les choses dans le petit Paris, sans égard pour les
«
distinctions partisanes » que le peuple tenterait de mettre en
oeuvre,
principe démocratique qui devient peu de chose
lorsqu’il
s’agit de s’entraider et d’avancer entre amis.
L’on commence
à
comprendre d’où est né l’« en
même temps » de Macron.
L’entourloupe
qui fut utilisée pour enguirlander une population
entière
ne fut que le prétexte à une fusion d’élites
jusque
là
éclatées, condensation d’intérêts au
service d’une endogamie
galopante
là où les journalistes les plus naïfs – ou les
plus
compromis et confortablement instaléls
en un système
qu’ils
ne voulaient pas changer – présentèrent un signe de
progressisme
et
de modernité.
13
Qui
lui avait lui-même cédé sa place
à l’inspection des finances pour qu’il pût par
la suite lui faire
la
courte-échelle et qu’il retrouverait peu après
58
Il
faut mesurer l’ampleur de la révolution que proposait M.
Macron,
à
l’heure où le système s’effondrait :
garantir, contre l’inféodation,
une
permanence des privilèges et des, là où les
élites
se
menaient jusqu’alors des guerres régulières, devant
s’asservir
à
l’un ou à l’autre tous les cinq à sept ans,
se trouvant asséchées
et
condamnées à chaque alternance, réduites à
des périodes
de
disettes, forcées à de périlleuses contorsions si
elles
souhaitaient
s’embrancher au nouveau pouvoir après avoir
servi
le précédent. Comprenons maintenant la densité des
éloges
que reçut Emmanuel Macron de la part de cette classe
émerveillée,
en un processus inauguré par M. Sarkozy, qui savait
ce
qu’il avait à compenser pour se faire accepter par ces
élites
qui le méprisaient.
Mais
nous nous précipitons, et à l’heure dont nous
parlons, M.
Jouyet
se
contente de présenter M. Macron à sa famille et sa
femme
– et par là-même à l’une des plus
grandes dynasties financiaro-
républicaines
du siècle – et à l’intelligentsia de
SciencesPo,
dont
M. Descoings est le directeur, SciencesPo
où
M.
Macron se voit proposer, comme tout énarque sorti dans les
grands
corps, d’enseigner un vague cours qu’il choisira de culture
générale
pour y mettre pied. M. Jouyet donc, tenant
d’une
idéologie
libérale faisant les affaires de sa famille d’adoption,
premier
initiateur de la stratégie d’écrasement des
processus
démocratique
qui pris, sous Sarkozy, la terminologie « d’ouverture
»,
et sous Macron, « d’en même temps », et que M.
Hollande
ne
sut endiguer, qui, outre l’introduction en les dîners en
ville
donnés par sa femme, donne rapidement au jeune intrigant
la
possibilité de placer et répartir ses camarades de
cordée
à
l’IGF, violant pour cela la coutume – seul le major, que
Macron
n’était
pas, a normalement droit à ce privilège – avant de
le
faire
nommer à Bercy après l’avoir introduit à
l’Élysée via
Jacques
Attali.
Jacques
Attali dont Emmanuel Macron avait été nommé le
rapporteur
de
la mission éponyme par la grâce de ce même M.
Jouyet,
afin
d’être introduit auprès du gotha économique
et financier
du
pays secondaire – c’est-à-dire celui qui se trouve en
59
seconde
file, et dépend ou se soumet avec grande
régularité aux
fortunes
que nous avons évoqué – et de, marri de ce carnet
d’adresses,
se faire recruter chez Rothschild, d’y faire fortune
en
mobilisant les contacts que la commission Attali venait de
lui
attribuer, pour préparer sans angoisse cette même
intronisation
politique
que M. Jouyet venait d’anticiper
sans le savoir
et
autoriserait peu après – le tout tandis que M. Hermand
finançait
sa
vie privée.
M.
Jouyet donc, dont la femme, Brigitte, outre
ses
excellents talents
d’entremetteuse
et d’héritière, exerce à SciencesPo à
quelques
pas d’une certaine Edith Chabre,
recrutée et nommée
directrice
de l’école de droit par Richard Descoings, et dont il
se
trouve probablement par hasard là aussi qu’elle est
à la ville
la
femme d’Edouard Philippe, alors maire du Havre qui, sans
que
l’on comprît s’il rendait par
là service à Richard
Descoings
et
sa femme Nadia Marik qui avaient
recruté sa femme à
lui ou
l’inverse,
financerait la création d’une antenne de SciencesPo
dans
sa ville et inaugurerait plus tard une stèle en hommage à
Richard
Descoings où je sreais
convié en présence de Nadia Marik
et
probablement – ma mémoire défaille, de Ludovic Chaker
–
Nadia Marik devenue entre-temps veuve de
celui qui
avait été
à
la ville l’amant de Guillaume Pepy,
patron de la SNCF
et relais
oligarchique
secondaire et assurantiel de gauche, devenu via
l’amour
de sa vie Richard Descoings très proche de Jean-Pierre
Jouyet,
et par
là-même intronisateur dans le
grand monde de
Laurent
Bigorgne, propulsé président
de l’Institut Montaigne
après
avoir été considéré comme le successeur de
Richard Descoings
–
Laurent Bigorgne dont la femme
déposerait les
premiers
statuts
d’En Marche à la Préfecture, En
Marche,
domicilié
chez
eux dont Ludovic Chaker, nous
l’avons vu, serait le
premier
secrétaire
général, Laurent Bigorgne,
chargé de rallier le
CAC40
à la Macronie et de mettre au
service de M. Macron
l’Institut
Montaigne,
institut théoriquement neutre inondant l’espace
public
d’analyses néolibérales faisant les affaires des
oligarques
le
finançant, par ailleurs vice-président de
l’association
Teach
For France créée
par la soeur
d’Alain Weil et récupérée
par
Nadia Marik, au comité
d’administration où siégeaient
60
notamment
Maurice Levy, PDG de Publicis, Emmanuelle Wargon,
alors
directrice du lobbying chez Danone et Patricia Barbizet,
PDG
de Artemis – la holding de
François-Henri Pinault,
l’on
commence à comprendre pourquoi Le
Point aurait
été là
aussi
réticent à nous publier, même si l’on se
retiendra à cet
instant
de détailler à quel point elle fut, sans que la famille
Pinault
ne
le comprit tout à fait, le relais du pouvoir en ces eaux
là,
ce qui expliquerait son éviction ; Laurent Bigorgne
donc,
homme
de droite intronisé par Richard Descoings dans le gotha,
ex-futur
successeur de Richard Descoings jusqu’à ce que
son
décès force à la nomination de
Frédéric Mion pour
cacher
la
poussière, ayant amené à Teach
for France Maurice
Levy,
PDG
de Publicis et présenté comme un conseiller
d’Emmanuel
Macron
pendant sa période ministérielle14
;
Patricia Barbizet,
femme
la plus puissante de France et proche amie de Brigitte
Taitinger-Jouyet,
et
donc Emmanuelle Wargon, depuis
nommée
secrétaire
d’Etat d’Edouard Philippe après ses fonctions
d’influence
chez Danone, comme ce dernier en avait occupées
chez
Areva, après avoir été présentée par
Nadia Marik à
Edith
Chabre,
et à
Edouard Philippe par Edith Chabre.
Edouard
Philippe donc, inconnu au bataillon, n’ayant aucun fait
de
gloire à s’attribuer depuis sa réussite au concours
de l’ENA,
proche
par ces réseaux des Jouyet, dont on
ne sait si la
femme
fut
recrutée pour rendre service à son mari ou pour rendre
service
à
ses recruteurs, présenté à Emmanuel Macron par
Jean-
Pierre
Jouyet via
leurs
femmes respectives, devenu
Premier
ministre
de ce fait alors qu’il était la veille encore lui aussi
inconnu
du
grand public, mais dont on tenterait pendant des
mois,
par suivisme plutôt que par complot, lourdement, de vanter
les
talents pour justifier a
posteriori ce
que personne ne
comprenait
– les journalistes ne supportent pas exposer leur
ignorance,
et préfèrent, dans le doute, glorifier leurs sujets afin
de
s’assurer que cela ne leur sera pas reproché –
tandis que l’on
nommait
Jean-Pierre Jouyet en l’une des plus
prestigieuses
ambassades
de
France, à Londres, pour le remercier et l’écarter.
Et
pour couronner le tout, pour relier tout ce beau monde,
14
https://www.challenges.fr/challenges-soir/comment-macron-a-tres-habilement-sature-l-espacemediatique_
414866
61
SciencesPo
donc,
utilisé pour financer et mettre en oeuvre
un
système
népotique n’ayant rien à envier aux oligarchies
financières
qui
se mettrait au service de M. Macron afin de lui permettre
de
servir ces dernières, mais aussi son excroissance,
Teach
For France donc,
pépinière employant Catherine
Grenier-
Weil,
soeur d’Alain Weil, patron de BFM TV
et de RMC,
affidé
à
Patrick Drahi et devenu
proche
là encore d’un certain
Emmanuel
Macron
; Teach
For France qui
permettra
d’introduire
dans
la macronie un certain Jean-Michel Blanquer, ancien serviteur
de
Sarkozy qu’Edouard Philippe nommerait ministre de
l’éducation
après que Descoings ait pensé à le nommer directeur
de
cabinet lorsqu’on lui proposat de
devenir ministre.
Aviez-vous
entendu parler auparavant d’un quelconque de ces
noms,
pourtant piliers des bascules oligarchiques de notre
pays
? Aviez-vous été surpris de leurs nominations successives
au
gouvernement et ailleurs encore ? Voilà qui commence à
s’éclairer.
Et
l’on pose la question qui fâche, qui devrait fâcher
un quelconque
des
lecteurs de ces « grands médias » qui
prétendent
exposer
la vérité : Edouard Philippe a-t-il
doncété véritablement
pour
la première fois été introduit à M. Macron
dans
l’entre-deux
tours, comme cela nous a été si heureusement
raconté
et
re-raconté, et a-t-il
été
propulsé Premier Ministre du
fait
de ses seuls mérites et de ce poids politique que l’on a du
jour
au lendemain inventé, ou plutôt par le fait de son
entregent
et
sa capacité à servir et se laisser servir, sa
participation à cette
pauvre
et avariée endogamie depuis des décennies – qui
permet,
par
les simples avancements qu’autorise le système
républicain,
de
vous faire gagner du poids par inertie – comme il le
fit,
grassement payé, lorsqu’il passa chez Areva alors
qu’il était
déjà
conseiller d’Etat pour mettre au service de l’entreprise ses
réseaux
d’élu, au moment où la dite entreprise plongeait
dans
un
scandale de corruption et de rétrocommissions
Uramin qu’il
fallait
absolument étouffer afin de sauver le soldat Lauvergeon,
scandale
qui fit disparaître près de 3 000 emplois et 1,8 mil62
liards
d’euros des caisses de l’État en des destinations
inconnues,
et
qui n’a, dix ans après, toujours pas amené qui que
ce
soit
à se trouver en prison ? Rions.
En
ces espaces où l’on vogue de la gauche à la droite
en passant
par
le centre, indifférents aux suffrages et satisfaits seulement
d’une
apparence d’adhésion aux clivages qui traversent la
société
pour
mieux la diriger – l’on ne rit pas lorsque l’on parle
de
démocratie.
Et pourtant, combien on le pourrait. Il faudrait
pour
cela avoir conscience qu’au-delà de piller pour soi, ces
gens
pillent pour des tiers, ce qui n’est probablement le cas. Ces
êtres
sans pensées eussent-ils eu conscience qu’ils
n’étaient
que
les bons soldats d’intérêts, et alors ces troupes
fidèles d’un
pouvoir
que d’autres avaient propulsé et financé auraient peutêtre
réagi.
L’ensemble de ce dispositif repose sur une
croyance
: celle qui fait que l’ordre économique que l’on
défend,
et
dont on sait à quel point pourtant il est injuste et destructeur
pour
la société, serait suffisamment juste pour autoriser
ces
compromissions et se sentir confortable dans le pillage
ainsi
constitué. Macron intervient en ces lieux comme le
défenseur
idéal
de ce modèle, l’épitomé de la
prétention à sa neutralité,
ce
qui explique la machinerie qui se mit en branle pour susciter
l’adhésion
de l’État et milles invisibles relais qui
l’appuieraient
sans
mot dire l’ait fait de bonne grâce : voilà de toutes
façons
un être qu’il s’agissait d’exploiter pour se
placer et prolonger
ces
jeux qui menaçaient de s’effondrer.
*
En
ces espaces où l’on appartient tous aux mêmes corps
–
l’expression
en
soi dit tant - les salaires, assurés par l’Etat directement
ou
par le pillage de l’Etat lorsque ce dernier n’y arrive
plus,
c’est-à-dire via
les
pantouflages, sont confortables et
constants,
permettant de protéger en cas d’échec aux
élections,
se
montant à six ou sept chiffres, et étant
complétés par les af63
faires
du conjoint quand l’autre doit attendre et stagner, les allers-
retours
entre public et privé garantissant, contre quelques
menues
compromissions, assurant à tout instant un confort
dénué
de
contenu et d’engagement, la protection d’une position
privilégiée.
Qu’importe que ce système ait fini par user la puissance
publique
jusqu’à l’évider. Que la période
balladurienne,
qui
fut la plus violente à cet égard, et que seul Macron
s’est décidé
à
singer, épuiserait tant les ressources que toujours moins
de
haut-fonctionnaires parviendraient à s’y instituer. Jean-
Pierre
Jouyet, maître de toutes ces
compromissions, a tenu
l’édifice
jusqu’à l’offrir à M. Macron.
Cette
confiance que l’on se fait n’a rien de politique ou
d’idéologique.
Elle
n’est pas même machiavélique : habitués au
secret
des
alcôves, l’on y sait que la trahison de l’un
exposerait la compromission
de
l’autre, et par ricochets, provoquerait une chute
entière
que ces êtres, qui n’existent que par ces compromissions,
ne
seraient et n’auraient autrement rien fait de leur vie,
ne
sauraient tolérer. Comment en ces circonstances penser aux
principes
démocratiques et même à l’idée de
politique, alors
que
l’État apparaît avant otut
comme un simple outil pour
reproduire
le
même, les héritages et les positions en stabilisant
la
nation et en permettant son exploitation - c’est ce qui explique
l’atroce
impression de délavé que tous ne font que nous
renvoyer
? En des lieux où l’on se tient et se regarde en somme,
se
cooptant et se façonnant à travers les années afin
de s’assurer
de
la préservation d’un monopole sur le bien commun que
l’on
s’empêche de penser, M. Macron est apparu comme une
idéalité.
Et, pour servir autant que pour se servir, pour prolonger
ce
système tout en donnant des gages de crédibilité
à l’appareil
qu’il
s’apprêtait à piller, il s’en est
retrouvé à nommer un
premier
ministre du fait de ces rapports d’endogamie avariés.
*
Où
tout cela nous mène-t-il ? A Ludovic Chaker
donc qui,
après
avoir
à SciencesPo supervisé la
création du campus asiatique
au
Havre, avoir été le premier secrétaire
général de son parti,
64
se
voit chargé par le nouveau président de créer sa
« garde prétorienne
»
après avoir été recruté par M. Descoings et
introduit
à
tout ce beau monde par ce dernier. Ludovic Chaker
donc,
l’alter
ego
d’Alexandre
Benalla,
arrivé au plus haut de l’Etat pour
protéger
l’intimité de tous ces gens et détruire celles de
ceux
qui
les menaceraient, intimité élevée par la
préséance bourgeoise
au
titre de valeur sacrale tant qu’elle ne peut servir le
pouvoir
d’une façon ou d’une autre, menaçant qui la
compromettrait,
alimentant
le pouvoir et par ricochet la presse pour
couvrir
tous ces réseaux et leurs compromissions. Ludovic
Chaker
donc,
au rôle obscur nous y a mené, point de jonction
rhétorique
de tout cela via
Ismaël
Emelien, le très discret
« conseiller
spécial
» de Macron, ayant officié chez Havas où il
rencontrerait
sa
conjointe, y travaillant encore alors qu’il ferait attribuer
à
son ancien employeur, violant la loi, un marché de
plus
de 300 000 euros sans appels d’offre au nom du ministère
de
l’économie, de notre
ministère
de l’Economie, pour lancer la
campagne
officieuse de Macron à Las
Vegas, en
un événement
pluridinaire
dont
le seul objectif était de marquer la presse et
de
faire connaître le Président. Opération construite ex
nihilo
grâce
à un subterfuge dont se ferait complice Business
France,
agence
de l’État permettant tous ces débordements, violant
à
dessein
la loi sur de sa dirigeante d’alors, une certaine… Muriel
Penicaud15.
Ismaël
Emelien qui, cela n’a encore une fois
pas été
raconté,
rencontre
Emmanuel Macron lors d’un voyage en Amérique Latine
organisé
par la Fondation Jean-Jaurès, fondation financée
sans
raison par la puissance publique, pour accompagner Laurent
Fabius,
à qui M. Macron s’offre un premier temps, avant
d’hésiter
avec Fillon puis de s’offrir à M. Hollande. Fondation
Jean-Jaurès
alors dirigée par Gilles Finchelstein,
directeur des
études
à Havas, détenue par Vincent Bolloré, agence
récipiendaire
des
contrats que son ancien employé Ismaël Emelien
lui
octroierait
au nom de l’Etat une fois nommé conseiller de M.
Macron
à l’Elysée, où M. Emelien
travailait
en parallèle à Havas
–
après tout, un mélange des genres n’en exclue pas
un autre –
et
qui se mettrait au service de M. Macron.
*
Tout
cela gêne tant, en un tel système, que la question de la
légitimité
des
recrutements devient secondaire, tant on voit à
quel
point ils sont conditionnés par des réseaux
d’allégeance et
de
contre-allégeance qui retirent toute autonomie aux individus.
Si
nous traçons ces réseaux, nous pourrions le faire
également
de
ceux des directeurs de rédaction et pontes de journaux
qui
répondent à de similaires logiques. Edith Chabre a
fait une
obscure
école de droit privé avant d’être
diplômée de
SciencesPo
Lille,
et la voilà propulsée directrice de la toute
puissante
école de droit de SciencesPo au
moment où son mari
décide
d’accorder à SciencesPo des
aides importantes. Nadia
Marik
était
au tribunal administratif, et la voilà directrice adjointe
de
SciencesPo après avoir
été recrutée par son futur
conjoint,
avant
de prendre la tête de Teach
For France avec
l’aide
du
gotha parisien pour en faire avec Laurent Bigorgne
le
point
de
rencontre de tout ce que la macronie
demain défendra.
Ludovic
Chaker
avait
un parcours interlope, et comme Alexandre
Benalla,
le
voilà propulsé au sein des cénacles chargés
de superviser
et
d’instruire les services secrets de l’Etat. Catherine
Grenier-Weil
avait une obscure carrière d’assistante de recherche
avant
de prendre la tête de Teach
for France,
et quant
à
Emmanuelle Wargon, il serait absurde de
penser que sa
présence
au
gouvernement ait eu quoi que ce soit à voir avec son
amitié
intime avec Nadia Marik et le couple
Philippe,
Laurent
Bigorgne
ou
Brigitte Taittinger, bien que sa nomination eut
provoqué
quelque surprise tant la présence d’une
énième lobbyiste
sans
parcours politique au coeur de
l’État commençait à
inquiéter.
Et nous nous en tenons là aux réseaux horizontaux,
car
lorsque la belle-fille de Jean-Pierre Jouyet
est
nommée directrice
adjointe
au Quai Branly à 25 ans, cela fait aussi peu de
bruit
que lorsque le fils de Le Drian, ministre
socialiste
devenu
macronien
par
des biais qu’il nous faudra là encore un jour exposer,
est
nommé à l’un des plus importants postes de la Caisse
66
des
Dépôts à moins de trente ans. Ici, les gendres et
oncles, neveux
et
grands-parents se passent le relais depuis plusieurs
générations
:
le talent se transmet par transmutation. Les recrutements,
amours
et alliances se font selon les critères de fortune
et
de pouvoir, les faisant et défaisant sous le regard bienveillant
des
grandes fortunes les finançant.
*
Tout
cela, ces petits entre-gens et jeux de ville nous aura été
dessiné,
déguisé, masqué par une presse rendue complice de
façon
à nous faire croire à une fable populaire où les
enjeux démocratiques,
les
questions de programme et d’engagement, le
choix
du peuple enfin primaient d’une quelconque façon. En un
système
qui fut dans les faits couvée par le triumvirat Arnault-
Niel-Lagardère,
chargés de propulser des vaillants soldats
sélectionnés
par
Emmanuel Macron, dont M. Philippe serait le
plus
docile et le plus recommandé, par la grâce notamment
d’une
introduction par le truchement de Taittinger et Jouyet,
parfait
alliage de l’aristocratie d’Etat et la bourgeoisie du pays
cherchant
en de jeunes intrigants la sève autorisant leur reproduction,
l’ensemble
s’assurant de son invisibilité, puis de sa
confirmation
sous forme d’élection,
avec
la bienveillante attention
d’une
certaine Mimi Marchand et des hommes de main
précités,
nous peinons cependant quelques peu à découvrir où
la
démocratie tend à s’infiltrer. L’on comprend
mieux maintenant
pourquoi,
après une intervention cataclysmique où se
jouait
ce régime, lors de laquelle M. Macron annonçait
qu’il demanderait
aux
patrons de verser une prime à leurs salariés,
Messieurs
Niel, Drahi, Levy et Richard – ce
dernier ayant été
sauvé
par M. Macron après avoir été conseillé
chèrement par
M.
Emelien, annonceraient immédiatement
et de façon
quelque
peu
piteuse leur soutien au président en proposant une prime
exceptionnelle
visant à masquer l’absurdité d’une telle
proposition.
Mimi
Marchand dont on découvre qu’après avoir
protégé et
élevé
tous ces êtres dès lors qu’ils risquaient –
par l’effet d’une
67
exposition
publique – de se trouver dénoncés, a depuis
l’été
2018
pour nouveaux clients – il n’y a en
ces affaires nuls
contrats,
comme
le rappelle l’ouvrage dont nous parlions, mais des
signatures
qui se devinent et des mots qui leurs échappent afin
d’éviter
toute compromission – deux jeunes noms, Gabriel Attal
et
Benjamin Griveaux, dont nous nous
apprêtons
maintenant à
conter
l’histoire, cette fois à temps. En ces espaces, l’on
ne perd
pas
son temps.
Il
aurait fallu bien entendu, pour compléter le tableau,
s’introduire
dans
les réseaux de la bourgeoisie d’Amiens, l’aisance et
la
force du père d’Emmanuel Macron, Jean-Michel Macron,
Professeur
de
médecine au CHU d’Amiens, mais surtout de la famille
Trogneux,
dont
les alliances plus encore que la puissance
financière
ont été déterminantes pour accompagner les
débuts
d’un
pouvoir qui, à travers les soutiens des baronnies locales et
notamment
celles de Messieurs Collomb et Le Drian,
Patriat et
Ferrand,
aura compensé un temps son absence d’assise sociale
par
le tissage d’un réseau de solidarité et de
redistribution de
prébendes
crapuleux, tenant les territoires secondaires, mais
qui,
n’ayant pas été institué par ce pouvoir, se
déliterait à la
première
difficulté. Il aurait ensuite fallu comment à partir de
tout
cela, à travers Laurent Bigorgne et
le clan
Descoings, puis
la
revue Esprit
et
le groupe de réflexion Terra
Nova, le
journal
Le
1 financé
par le millionnaire Henry
Hermand16
pour,
comme
l’admettrait
publiquement son directeur Eric Fottorino,
soutenir
M.
Macron – l’on organiserait la mobilisation des ressources
intellectuelles,
politiques et financières autour du futur Président
pour
« substantialiser son pouvoir » et faire admettre sa
cooptation
aux élites secondaires, alors que tombaient ses concurrents
entre
affaires de corruption et luttes fratricides éberluées.
Il
faudrait raconter à chaque fois les mille et une compromissions
honteuses
visant à berner le public à travers des journalistes
toujours
moins indépendants, habillant cet entrelacs
d’intérêts
visant à propulser une coquille vide en quelques
16
Qui
en finançant la vie privée
d’Emmanuel Macron s’assurerait que son poulain ne se
compromettrait
jamais
personnellement auprès de l’un de ses protecteurs et
pourrait arriver avec l’apparence d’absence de
corruption
à la tête de l’État
68
mois
sans ne jamais l’exposer, malgré les évidentes
compromissions
de
ces sous-élites censées nous en protéger. Il
faudrait
raconter
ce colloque de Terra Nova organisé à Lyon par
Marc-Olivier
Padis, qui deviendrait directeur de la
vénérable
revue
Esprit,
qui
pris tant des allures de meeting qu’il lui fallut
annuler
au dernier moment la prestation de Macron pour laquelle
il
avait pourtant été organisé. Il faudrait enfin
montrer
comment
tous ces réseaux secondaires chargés de faire la
propagande
de
ce pouvoir naissant dans l’incompréhension du public
utilisèrent
les ressources de l’Etat pour le corrompre, faire
des
cabinets ministériels des machines à récolter des
fonds au
service
d’une ambition, Ismaël Emelien
utilisant les fonds de
l’État
non seulement pour attribuer des contrats sans appel
d’offres
de plusieurs centaines de milliers d’euros à son ancien
employeur,
Havas – propriété d’un certain…
Bolloré -, où sa
concubine
se chargeait de les dépenser au service de la communication
personnelle
de M. Macron, mais aussi pour mobiliser
les
six conseillers ministériels chargés de la communication
de
M. Macron, confortablement payés par la puissance publique
pour
organiser des événements avec M. Séjourné,
conviant
ensuite
les mêmes invités à des levées de fond
– permettant
d’obtenir
de 900 personnes près de 7 millions d’euros et
ainsi,
en respectant formellement la législation, propulsant M.
Macron.
Il faudrait les décrire, ces Bruno Tertrais,
chargés
d’élaborer
à la hâte un programme destiné à vendre
l’opération
au
grand public, interrogés suite à l’élection
par Le
Monde
comme
des experts indépendants sur ces mêmes questions
pour
juger de l’action de M. Macron…
Et
enfin il faudrait montrer comment tout cela a fabriqué un
candidat
au service de quelques-uns, incapable d’agir de façon
autonome,
ni d’élaborer une pensée, mais seulement de
distribuer
des
prébendes, enfin : de se vendre au plus offrant, en
détaillant
par
le menu l’ensemble des compromissions qui, de distributions
de
poste en instructions judiciaires en passant par
attribution
de mandats de négociations ont permis à tout ce
système
de tenir à prix coûtant, tandis que le peuple exsangue
tenu
loin de ces informations, subissait et se voyait piller
jusqu’à,
épuisé, finir par se rebeller.
69
Et
comment ceux-là mêmes alors dénonceraient les
violences,
chercheraient
à écraser moralement ceux qu’ils avaient
jusqu’ici
exploité jusqu’à les essouffler et les
dévaster.
Mais
ce serait rejouer une bataille perdue par la démocratie. Le
journalisme
a longtemps fonctionné comme une balance, prenant
à
droite ce que la gauche rejetait, et vivant de ce mouvement
de
pendule qui incite à la paresse et à la connivence. Cela
a
donné l’impression aux plus naïfs d’entre nous
de vivre en
démocratie,
malgré l’inexistence d’une presse libre,
l’omniprésence
d’un
système de dépendances n’ayant à envier aux
plus
honnis
des autocrates si ce n’était sa capacité à
régulièrement
alterner
les rapports politiques, ce que M. Macron a fini par dévaster.
La
chose était simple : jusqu’alors, en un jeu qui tournerait
bientôt
au massacre, chaque passage auprès de la raison
d’Etat17
permettait
aux hommes politiques de
constituer leurs
réseaux
d’affidés et de recueillir des informations
précieuses
qui
étaient par la suite disséminées avec soin
auprès des journalistes
–
le Canard
Enchainé en
étant le véhicule privilégié.
Alors
que chaque alliance rompue du fait d’une ambition frustrée
apportait
au système médiatique son lot d’anecdotes qui
permettait
aux journalistes de se libérer ponctuellement de
leurs
emprises et de « travailler » pour servir enfin leur pays,
Macron
a un temps sidéré tout cela en surgissant d’un
néant
qui,
unifiant des réseaux de connivence jusque-là
inféodés à
différents
partis, paralyserait nos fantassins de la liberté, soudain
forcés
de se mettre à travailler. Petits soldats et grands
noms
du journalisme, rares enquêteurs qui encore demeuraient,
inféodés
ou non à un pouvoir, n’ont en ce temps court
plus
même réussi à récolter les miettes que
jusqu’alors on leur
accordait,
et reconstituer une part d’un fonctionnement qui
prétendait
encore laisser au peuple un rôle pourtant on le découvre,
parfaitement
inexistant.
Dévastée,
et vilipendée, méprisée par ses camarades lorsque
l’une
de ses rares héritières ose s’affirmer, la presse
indépendante
vivant
du rapport direct au lecteur, c’est-à-dire de ses
ventes
et donc d’une nécessité d’engagement, cette
presse
d’opinion
rendue rageuse par la concurrence et la nécessité de
survivre,
a depuis trop longtemps laissé place à un système
où
vassalité
et de subventions qui ont à leur tour fait naître la
vanité.
Devenue
la norme, produisant de Christophe Barbier à
Frantz
Olivier Gisbert, du Monde
Magazine à
Vanity Fair,
des
dispositifs
servant l’adhésion aux valeurs les plus dominantes
sans
ne plus iren interroger, écrasantes
et conformées de
notre
époque,
cette presse s’est épuisée et conformée aux
dominants.
Si
le « en même temps » d’Emmanuel Macron »
n’a pas permis
une
respiration démocratique, c’est bien parce qu’il en
désactivait
le
principe actif, achevant l’illusion d’un fonctionnement
républicain
qui, d’alternance en alternance, permettait ponctuelle
d’octroyer
quelque respiration à des populations enfin
informées
des jeux qui dans leur dos s’établissaient, et capables
à
la marge de peser.
*
Il
ne faudra pas s’étonner des conséquences terribles
que tout
cela
suscitera, alors que M. Macron a décidé de condenser ces
réseaux
dans le seul but de nourrir ceux qui l’ont institué. Et ne
pas
s’étonner que la seule alternative à un pouvoir
toujours
plus
autoritaire consiste en la possibilité de son effondrement.
Reste
maintenant à se projeter, et alors que la macronie
vacille
et
entre en son crépuscule, à lire et décomposer
à temps l’un
des
champignons naissant sous les intérêts des puissants, pour
ne
lui laisser aucune chance de prospérer et de reproduire le
système
jusqu’alors instauré. L’émergence de
l’un de ces sbires
de
l’oligarchie – égal en arrogance, conformisme et
ambition à
son
aîné – un certain Gabriel Attal, compagnon à
la ville de Stéphane
Séjourné,
conseiller politique d’Emmanuel Macron, et
71
déjà
très introduit dans tous ces réseaux, par le même
fonctionnement
qui
a permis l’intronisation de ses aînés, doit
être exposée.
Un
jeune homme de vingt-neuf ans que tous ont déjà le
tort
de minorer, et dont l’exposition en première ligne pour
combattre
les revendications d’un peuple révolté devrait faire
signe
et nous inquiéter.
Un
être auquel, si nous croyions les apparences formelles de ce
système,
nous nous apprêterions à accorder bien trop
d’importance
et
d’attention par rapport à celle qu’il
mériterait, mais qui
pourtant
permet non seulement de comprendre ces systèmes
que
nous venons de révéler, mais aussi s’apprête
à les perpétuer.
Rappelons
à cet égard un fait concernant celui qui est devenu,
avec
la même grâce que M. Macron lors de son élection,
le
plus jeune ministre de la Ve République : alors que sa relation
–
pourtant officielle, déclarée à la Haute
Autorité à la Vie
Publique
et contractualisée par un PACS – avec le conseiller
politique
d’Emmanuel
Macron était exposée par nos soins, et que
par
là-même risquaient d’être
dévoilés les systèmes de solidarité
de
tout un pan du nécrotique pouvoir de M. Macron, un être
interlope
intervenait auprès de Gala pour faire effacer deux articles
parus
à ce sujet. Nous étions alors en octobre 2018, en
France,
un mois après la parution de Mimi.
Et
l’être qui intervenait, encore suffisamment puissant pour
faire
disparaître des informations, cet être-là avait un
nom.
Et
ce nom était Marchand.
Ce
que nous apprêtons à révéler, c’est
donc bien la fable d’un
individu
qui, né au coeur des réseaux
ci-exposés, s’apprêtait
à
en
devenir le relais nécessaire autant qu’évidé
et évidant, servant
des
pouvoirs pourrissants à l’instant même où ils
se seront
montraient
mourants. En remontant les temps et en nous projetant
en
amont de la constitution du pouvoir qui actuellement
nous
étreint, cette excursion nous permettra de comprendre
comment
ces destins se forment aux berceaux, ce qu’ils disent
de
nos sociétés, et comment tout argument lié
à une compétence
ou
un talent, une innéité qui dès leur plus jeune
âge aurait
justifié
la stellaire propulsion qui par la suite leur sera accordée,
ne
saurait être invoqué pour en expliquer les fondements.
16
octobre 2018. Gabriel Attal, 29 ans, est nommé par le
président
de
la République, sans annonce au perron, secrétaire
d’État
auprès du ministre de l’éducation, en charge de la
jeunesse.
18
Dont
le portrait flagorneur et
évidé, dont l’auteur est Alexandre Lemarié, dit
beaucoup de l’effondrement
du
journalisme politique en notre pays. https://abonnes.lemonde.fr/gouvernementphilippe/
article/2018/10/16/gabriel-attal-secretaire-d-etat-aupres-de-blanquer_5369998_5129180.html?
74
Mais
d’où provenait un tel
aplomb
et une telle assise que rien ne semblait venir nourrir
sur
le fond ?
*
20
21
avril 2018,
https://www.youtube.com/watch?v=j9gvmwVPzd0
76
L’être
dont il est question est insignifiant, comme la plupart des
cadres
de la macronie.
*
Les
crimes ont toujours leurs lieux, et celui où est né notre
sujet
n’est
pas des moins insignifiants. Sise au sein du sixième
arrondissement
de
Paris, l’École Alsacienne est dirigée par un aimable
homme
de droite, Pierre de Panafieu. Pendant rivegauche
de
Franklin – où enseigna Brigitte Macron –,
Sainte-Dominique
et
l’école bilingue, l’Alsacienne
est
lieu de reproduction
et
de propulsion des héritiers de l’intelligentsia
culturelle
de
Paris,
auxquels s’ajoutent au fil des promotions quelques
supplétifs
provenant
des espaces politiques, économiques et diplomatiques
de
notre pays.
77
Ainsi,
à quelques pas du lieu où M. Attal a fait sa
scolarité, Stanislas
revendique
une stricte discipline nourrie par une tradition
catholique
surannée, tandis que Notre-Dame-de-Sion s’attribue
les
héritiers les plus irrécupérables, se chargeant de
les
mener
à bon port, cahin-caha,
c’est-à-dire
à une diplomation
minimale
qui ne fera pas honte en société. Un peu plus loin,
dans
l’Ouest parisien, Saint Dominique lutte féroce avec Saint-
Louis
de Gonzague et la bilingue, mais aussi outre-frontières
avec
le lycée Charles-de-Gaulle de Londres, pour
récupérer les
grandes
lignées des bourgeoisies financières et noblesses
historiques,
sous
le regard attentif de Janson-de-Sailly, qui
réussit
l’exploit,
avec quelques autres lycées publics, dont Saint-Louis,
qui
met en avant son excellence scientifique, de tenir tête à
ces
lieux
de reproduction sociale en attirant les plus brillants des
garnements
du seizième arrondissement. Ailleurs enfin,
quelques
lieux, comme le lycée de la légion de l’honneur,
achèvent
un
tableau par nécessité incomplet.
78
Survivre
et se distinguer en un tel environnement est une gageure.
Offrant
la
possibilité d’y faire toute sa scolarité, de la
troisième de
maternelle
jusqu’à la terminale, l’école pêche
certes par l’absence
de
prépa,
du
nom
de ces classes post-bac réservées de
facto
aux
plus aisés de la République,
nourries par des moyens
doublant
ceux des universités et garantissant aux héritiers de
la
bourgeoisie sinon l’accès à des écoles
là encore sur-financées,
du
moins la possibilité de prolonger de deux ans leurs études
en
un environnement hors du monde, afin de s’offrir les codes
nécessaires
à leur pleine intégration en la société.
Cela
est une faute qui dégrade quelques peu la réputation
d’une
institution
qui a par ailleurs tous les atouts pour dominer ces
mondes.
En ces lieux où l’on ne sort le plus souvent jamais des
beaux
quartiers, il n’est pas étonnant d’entendre tel ou
tel élève
dire,
aux abords de la terminale, qu’il n’a jamais connu «
la banlieue
79
*
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
En
la seule promotion de 2007, dont sera issu Gabriel Attal,
pouvaient
se trouver ainsi la petite fille de Valérie Giscard
d’Estaing
et
fille du PDG du Club Med, celle du PDG d’Archos,
par
ailleurs
soeur du bientôt patron d’Uber
France, l’un des héritiers
Seydoux,
la fratrie issue des producteurs de cinéma Godot,
les
lointain héritiers des généraux Delattre et de Hautecloque,
la
grande lignée des de Lastours, la
fille du patron de
presse
Bernard
Zekri et celle du fondateur d’A.P.C
Jean Touitou, le petit
fils
du « patron des banques », Michel Pébereau, la fille
du
Président
de l’American University of Paris
Gerardo Della Paolera
et
ainsi de suite. Des grands cadres d’entreprises du CAC40,
avocats
et autres hauts-fonctionnaires à l’UNESCO, le fils du
82
proviseur
d’Henri IV ainsi qu’une petite minorité de
descendants
d’artistes,
de professeurs et de classes intellectuelles
dites
laborieuses complétaient un environnement que les promotions
environnantes
enrichissaient naturellement : Olivennes,
Bussereau,
Breton et autres patronymes de ministres
et
hommes et femmes tout puissants sont, comme tous et à
l’exception
peut-être
des Huppert et Scott-Thomas eux aussi présents,
des
noms auxquels, dans la banalité de l’entre-soi,
plus
personne
ne prête attention.
83
On
l’aura compris, M. Attal, que l’on appelle encore en ces
lieux
Gabriel,
provient de ces mondes, et en particulier de la nébuleuse
qui,
depuis la maternelle y a été scolarisée, et qui,
au sein
de
ce monde, fait partie des plus aisés. Le cumul de capital social,
économique
et symbolique que vont lui offrir ces années
*
Aaaaaaaaaaaaa
l’homme sans expérience
va
se mettre sous l’autorité d’un certain Benjamin Griveaux,
élu
du conseil général de Saône et Loire et futur-exmaire
de
Chalon, « proche ami » d’un certain Bernard Mourad,
et
ancien strauss-khanien. L’ami
d’Ismaël Emelien est un appa102
ratchik
socialiste pur
jus qui,
recruté comme conseiller politique
et
gagnant déjà, sur fonds d’État, plus de 10
000 euros par
mois,
n’hésitera pas à partir en 2014 au sein
d’Unibail Rodinco,
rémunérateur
pantouflage à près de 17 000 euros par mois,
octroyés
par
l’une de ces entreprises dépendantes de la commande
de
l’État qui finance grassement des « pantouflards
»
contre
la mise à disposition des réseaux et connaissances que
aaaaaaaa
C’est
alors qu’intervient le « miracle Macron », permis par
les
réseaux
que nous avons décrits, l’appui de l’inspection des
finances,
de
Jean-Pierre Jouyet et du duopole
Niel-Arnault, au
mépris
de toute démocratie. Creux incarné sans autre trajectoire
que
celle consistant à servir son ambition, et prêt à
spolier
le
bien commun au service de ceux qui pourraient le servir, issu
du
lycée jésuite La Providence qui joue un rôle
similaire à celui
de
l’Alsacienne à Amiens, ayant
bénéficié de l’appui d’un père
alors
tout puissant et de la famille Trogneux,
flambant
héritier
de
la bourgeoisie provinciale maîtrisant l’ensemble des
rouages
de la « méritocratie républicaine » ayant
séduit Hermand
comme
il le ferait de Jouyet, Emmanuel Macron
s’est vu,
malgré
son double échec à l’ENS Ulm, lui aussi
propulsé en
quelques
années au sein du gotha qu’il arrive à convaincre de
le
soutenir alors que s’effondrent l’ensemble des candidats du
système,
de Fillon à Juppé en passant par Hollande, Valls et
Sarkozy.
D’une
jeune garde qu’Emelien saura lui
apporter.
*
L’ambition
sans contenu du nouveau ministre, dont la seule
Bbbbbbbbbbb
Les
années socialistes sont écartées, et revient la
véritable pensée
d’un
être construit et institué par et pour le service de sa
classe,
qui comme Macron n’a plus de raison de le masquer. Il a
à
peine le temps de voter contre l’interdiction du glyphosate
après
avoir déclaré publiquement vouloir son interdiction32,
appuyer
la proposition de loi contestée sur les fake
news, décrire
le
gouvernement italien comme étant « à vomir »33
et
d’appeler
à la mobilisation contre le « momo
challenge »34,
que
l’attend
l’étape d’après. Se présentant moins
d’un an après son
élection,
à seulement 28 ans, à la présidence du groupe
parlementaire
majoritaire
de son pays, Attal ne retire sa candidature
qu’une
fois assuré que quelques semaines plus tard, un ministère
lui
sera octroyé. L’Elysée vient de lui offrir les
réseaux de
Mimi
Marchand, enclenchant une campagne de propagande vi-
Gabriel
Attal, depuis ses vingt-trois doté d’un salaire
de
près de six mille euros par mois
Lorsque,
le 16 octobre 2018, il est nommé Secrétaire d'État
auprès
du
ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse,
avec
les attributions budgétaires et politiques qui vont avec, en
charge
de la mise en oeuvre du service universel,
il est
peut-être,
avec
son conjoint, le seul à ne pas être surpris.
*
Alors
que le peuple bruisse, achevons cette fable par cette
simple
affirmation : ces êtres ne sont pas corrompus car ils sont
la
corruption.